Alors que s’ouvrent prochainement les états généraux de l’alimentation, les associations environnementales souhaitent être davantage intégrées au processus. Elles ont écrit une lettre au président de la République lui demandant d’être associées aux réflexions économiques. Selon elles, partage de la valeur et enjeux environnementaux ne peuvent être dissociés.
Coup d’envoi des états généraux de l’alimentation
Le 10 ou le 11 juillet 2017, les états généraux de l’alimentation seront lancés. Cette initiative, évoquée par Emmanuel Macron lors de sa campagne et inspirée par celui qui est désormais son ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, vise à fixer un cap à l’agriculture et à l’agroalimentaire français, afin d’assurer un revenu décent aux agriculteurs ainsi qu’une alimentation de qualité, tout en respectant l’environnement.
Alors même qu’il s’agissait d’une idée de Nicolas Hulot, c’est le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, Stéphane Travert, qui en assurera le pilotage. Du 27 au 30 juin 2017, il a consulté les parties prenantes (producteurs, transformateurs et distributeurs, organisations de consommateurs) afin d’organiser l’événement. Une primauté du ministère de l’Agriculture qui contrarie Nicolas Hulot. Interrogé par Le Monde(1), il a ainsi confié son souhait de « copiloter cette grande idée, pour redonner de la sécurité économique et sanitaire aux paysans, d’une part, redéfinir un modèle agricole et alimentaire d’autre part« , sans trahir « l’esprit et l’ambition » de ces états généraux.
Des états généraux en deux temps
Seront d’abord évoquées les questions d’ordre économique autour de la création et de la répartition de la valeur, source de nombreux conflits et désaccords entre agriculteurs, industriels et acteurs de la grande distribution. Cinq groupes de travail réunissant des représentants des agriculteurs, des industriels, de la grande distribution, des coopératives, des associations de consommateurs et des chercheurs, travailleront tout au long de l’été à ces questions, et le rapporteur devra livrer ses conclusions avant la fin du mois de septembre.
Dans un second temps seront évoqués les enjeux environnementaux, sanitaires et sociétaux. Cinq groupes de travail plancheront également sur ces sujets en septembre et octobre, avant de rendre leurs conclusions à la mi-novembre.
À l’issue de ces états généraux de l’alimentation, un plan d’investissement de 5 milliards d’euros sera lancé. Sur BFMTV-RMC, Nicolas Hulot a fait part de sa volonté que ces états généraux se soldent par « une feuille de route qui soit un nouveau virage de ces modes de production et de consommation et qui saura réconcilier urbain et rural, et donner de la dignité et de la sécurité à nos paysans« .
Les associations environnementales veulent être parties prenantes
De leur côté, les associations environnementales s’inquiètent du poids du ministère de l’Agriculture dans les négociations. Elles souhaiteraient être associées à l’ensemble du processus et participer aux travaux économiques qui auront lieu cet été, car elles estiment que les problématiques liées au partage de la valeur et les questions environnementales ne peuvent être dissociées.
Ce mercredi 28 juin 2017, les 3.500 associations fédérées au sein de France Nature Environnement ont écrit une lettre à Emmanuel Macron, dans laquelle elles demandent à être davantage prises en compte lors des débats : « Nous vous demandons d’avoir une place, d’être écoutés et entendus lors des états généraux de l’Alimentation, et ce, dès les premières discussions (…) Alimentation et environnement sont indissociables (…) Les négociations sur le partage de la valeur ne peuvent être déconnectées de ces enjeux globaux, car cette répartition oriente largement les systèmes alimentaires de demain, la nécessaire transition agroécologique de la production et la transition écologique de nos territoires« .