Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, de nombreux pays du monde entier, en particulier les pays développés ou en cours de développement, ont fixé des objectifs d’émissions de CO2 qu’ils doivent tenir. C’était, notamment, le principe des accords de Paris de 2015. Mais des chercheurs ont pointé du doigts que ces objectifs pourraient bien être mis à mal… à cause de calculs faussés.
Un écart de 5,5 milliards de tonnes de CO2 par an
Dans un article publié sur la revue Nature Climate Change le 26 avril 2021, Giacomo Grassi, expert forestier à la Commission européenne, et son équipe ont mis en évidence une discrépance entre deux méthodes de calcul des émissions de CO2 d’un pays : la méthode utilisée par certains pays eux-mêmes pour faire leur rapport concernant les émissions de CO2 dans le cadre de leurs objectifs de réduction et la méthode utilisée par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). La différence ? La question des terres « gérées » et de leur définition.
Le GIEC utilise en effet une méthode d’analyse globale à l’échelle mondiale, tandis que les pays utilisent une méthode qui prend certaines terres appelées « puits de carbone ». Un puits de carbone, par exemple, est une grande forêt qui, de fait, absorbe le CO2. Or, les pays peuvent déduire le CO2 absorbé de leurs émissions de carbone issues de l’activité humaine… alors qu’ils n’ont rien fait en faveur de l’écologie à ce niveau. La forêt existe, et c’est tout… mais si elle est qualifiée de terre « gérée » (managed lands), alors ils ont ce droit.
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Et même la notion de « gestion » est floue : un simple plan de lutte contre les incendies suffit à en faire une terre « gérée, » ce qui explique que les États-Unis considèrent « gérée » la quasi-totalité de leur territoire.
Pour un calcul uniforme, car les objectifs climatiques sont en jeu
La différence entre les deux méthodes de calcul pose un problème majeur puisque la somme des émissions annuelles des États en 2019 est de 5,5 milliards de tonnes de CO2, inférieure au résultat trouvé par le GIEC. Certains pays, par ailleurs, sont avantagés s’ils ont naturellement de grandes forêts dont ils déduisent le CO2 absorbé.
L’équipe de Giacomo Grassi a donc proposé ce qu’elle appelle une « pierre de Rosette, » en référence à la pierre ayant permis de traduire les hiéroglyphes, pour calculer les émissions réelles des pays. Le tout afin de permettre des comparaisons viables entre les différents modèles et les différents pays, sans changer les objectifs fixés.
Illustration bannière : CO2 : un calcul faussé – © Blackday
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La « discrépance entre les deux méthodes de calcul » serait avantageusement remplacée par « divergence »