Cette assignation devant la justice intervient après que Vinted a laissé sans réponse la mise en demeure adressée par l’association.
Une « protection acheteur » qui n’en est pas une
Si l’UFC-Que Choisir assigne Vinted devant le tribunal, c’est parce que cette marketplace pratique des frais qu’elle annonce comme étant optionnels, mais qui sont en réalité obligatoires. Il s’agit de sa fameuse « Protection acheteur, » que Vinted rajoute d’office et qu’il n’est pas possible de refuser. Pour l’UFC-Que Choisir, l’appellation de « Protection acheteur » est trompeuse : elle ne confère pas à l’acheteur de garanties autres que celles déjà prévues par la loi. (Selon Vinted, elle consiste en un paiement sécurisé, un accès au Service après-vente et un remboursement si l’article n’est jamais envoyé, s’il arrive endommagé ou n’est pas tel que décrit dans la description.)
D’autre part, le fait que Vinted rajoute cette « Protection acheteur » au cours du processus de commande constitue un manquement aux obligations d’information précontractuelles. En effet, au moment de choisir les articles, le consommateur est uniquement informé de leur prix et des frais de port, mais pas de l’existence et du montant de cette « Protection acheteur ». Ceci est contraire aux principes de conclusion des contrats commerciaux : par le passé, de nombreuses agences de voyages en ligne, sites de réservations d’hôtels et de billets d’avions s’étaient déjà fait condamner pour défaut d’affichage de l’ensemble des frais dès le début de la commande.
L’@UFCquechoisir lance ce jour une #actiondegroupe contre le géant du #ecommerce @Vinted, qui malgré notre mise en demeure a maintenu sa position relative à la commission « protection acheteurs » facturée indûment (cf vidéo #Vigilanceconso 5⬇️). Plus d’infos https://t.co/Vmtg2rw7JF pic.twitter.com/r0LS5ujgAm
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) May 18, 2021
Des frais facturés aux clients, un mode de rémunération propre à Vinted
Si ces frais existent sur Vinted, c’est parce que cette plateforme a un système de rémunération différent de ses concurrents tels qu’Amazon, Rakuten ou eBay. Lorsque vous achetez sur ces derniers sites, le prix affiché du produit est le prix que vous payez. Le vendeur, lui, se voit reverser un certain pourcentage de ce que vous avez payé, mais jamais la totalité : le montant qui lui est prélevé par la plateforme sur chaque commande sert à couvrir les dépenses nécessaires au fonctionnement de la plateforme, telles que l’hébergement et la maintenance du site, les frais bancaires et le Service après-vente. Et, par-dessus tout, il sert à rémunérer la plateforme.
Dans le monde dans lequel nous vivons, le reversement au commerçant de la totalité de la somme perçue du client est un mirage, ce n’est tout simplement pas possible. Mais proposer un reversement partiel aurait signifié décourager les vendeurs potentiels. Or, se lançant sur les marchés occidentaux alors que les concurrents y avaient déjà des positions établies, Vinted voulait à tout prix faire aux commerçants une offre qui le différencierait favorablement.
Illustration bannière : Vinted : des frais cachés – © Kiselev Andrey Valerevich
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