« Ici tout n’est que luxe, calme et volupté, » écrivait jadis Baudelaire. Nous avons tous pu expérimenter le son du silence ces derniers mois, surtout au coeur du premier confinement. L’activité humaine était quasiment à l’arrêt, le bruit des avions, des camions, des voitures s’était quasi effacé. Soudain, nous avons eu l’impression de n’entendre que le chant des oiseaux, qui nous ont semblé bien plus nombreux qu’auparavant. Mais la vie d’avant a très, trop, vite repris ses droits, et avec lui le bruit des humains, et les dommages qu’il engendre, lui aussi, sur la nature, la faune comme la flore.
Des lieux encore préservés du bruit ?
Alors que la pollution sonore est quasi omniprésente, peut-on encore trouver sur Terre des lieux encore préservés du bruit ? Quiet Parks, une organisation à but non-lucratif américaine, s’est donnée pour tâche de lister et préserver les derniers « spots » de silence de notre planète.
Une certification pour les lieux dénués de bruits humains
C’est à l’origine un bio-acousticien américain, Gordon Hempton, qui avait entrepris de recenser les derniers havres de paix sonores subsistant encore à travers le globe. Selon lui, il n’existerait plus qu’une petite cinquantaine de zones entièrement à l’abri des nuisances sonores engendrées par les activités humaines.
De son ouvrage paru en 2010, One Square Inch of Silence (Trois centimètres carrés de silence), est d’abord né un site Internet pour partager le sujet avec le plus grand monde, puis une fondation. Aujourd’hui rebaptisée Quiet Parks (Parcs calmes), elle poursuit sa mission, avec des preneurs de sons équipés de micros ultra-sensibles pour faire la chasse… au calme !
La réserve de Cuyabeno en Équateur, un endroit calme à préserver – © Guadalupe Polito / Shutterstock.com
Capables de capter le moindre bruit, naturel ou artificiel, à des kilomètres à la ronde, les preneurs de son mesurent ainsi le niveau de pollution sonore. Si le lieu est suffisamment calme, il se verra décerner une certification Quiet Park, afin d’inciter les autorités à préserver ce havre de silence, en attendant l’existence de textes de loi en la matière permettant de lutter contre la pollution sonore, sur terre comme sous les flots.
Plus de 250 sites à l’étude
Critère de base du concept de Quiet Parks : pour être considéré comme calme et silencieux, on ne doit pas y entendre plus d’un son d’origine humaine tous les quarts d’heure. Bien évidemment, pour certifier un site urbain, les règles ne sont pas les mêmes, un minimum de bruit de fond du fait de la circulation étant a priori inévitable.
Un label Marine Quiet Parks devrait bientôt être créé pour les sites maritimes.
La vallée du soufre dans le parc national de Yangmingshan – © Aliceinchains
Et si cela vous tente, vous pouvez aussi vous porter volontaire sur le site de la fondation pour rejoindre son équipe d’enregistreurs du son du calme.
Pour l’instant, plus de 250 sites sont en cours d’étude par la fondation, entre bruits de la nature, présence d’entreprises potentiellement bruyantes aux alentours, réseaux routiers et couloirs de vol. Mais rien ne vous empêche de proposer les vôtres via le site de Quiet Parks. Quelques lieux silencieux ont d’ores et déjà été certifiés par l’organisation.
On peut ainsi y trouver le parc de la rivière de Zabalo (Équateur), le parc national de Yangmingshan (Taïwan) et un site européen, Hampstead Heath, à Londres.
