Lessives et détergents - Vers une interdiction de la vente en vrac ?

La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) s’inquiète que les consommateurs viennent avec un contenant non adapté et surtout non étiqueté conformément à la réglementation.

Pour la DGCCRF, les produits détergents devraient être exclus de la vente en vrac

Est-ce bientôt la fin de la présence des produits détergents dans les rayons vrac des commerces ? La DGCCRF y songe en tout cas.
L’administration pointe une contradiction entre l’usage et la législation en vigueur : concrètement, l’article L120-1 du Code de la consommation stipule que certains types de produits doivent être exclus de la vente en vrac en vertu d’« exceptions dûment justifiées par des raisons de santé publique ».

Cela, alors même que les produits détergents (dont la composition est 100 % chimique et dont le contact avec la peau voire les muqueuses n’est pas sans danger) continuent à être vendus dans les rayons vrac des commerces spécialisés.

Et si la DGCCRF est une administration qui veille au respect de la loi en matière des droits des consommateurs, le risque associé à la vente en vrac des produits détergents avait été soulevé dès fin novembre 2021 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le « bras scientifique » du gouvernement.
Tout en s’abstenant de recommander de les exclure totalement de la vente en vrac, l’Anses prônait l’option, éventuellement, de la vente assistée.

L’absence d’étiquetage, le maillon faible de la vente en vrac de produits détergents

Mais le reproche le plus important formulé par la DGCCRF, c’est l’absence d’étiquetage sur les produits détergents, lorsqu’ils sont vendus en vrac.
Sur ces produits en particulier, l’étiquetage s’avère très important car l’étiquette d’un produit détergent comporte obligatoirement des pictogrammes faisant référence aux précautions à prendre lors de sa manipulation.

Certaines enseignes s’efforcent d’y remédier certes. Ainsi, chez Scarabée Biocoop, il est nécessaire d’acheter « au moins une fois » la bouteille (étiquetée bien sûr), pour faire l’acquisition d’un produit pouvant contenir des substances chimiques.
Chez d’autres enseignes, avant de quitter le rayon vrac, le client doit récupérer l’étiquette à coller sur son contenant, sans quoi le produit ne lui sera pas vendu. Dans d’autres enseignes encore, c’est l’hôte de caisse qui colle l’étiquette sur le contenant du client au moment de son passage en caisse.

Les magasins de vrac sont vent debout contre ce projet de réglementation. Dans une pétition, les enseignes The Naked Shop, Jean Bouteille, Symbiose, Day by Day et Mamie Mesure estiment que s’il est « tout à fait normal d’encadrer la vente en vrac des produits les plus dangereux », « inclure tous les produits détergents dans cette mesure serait disproportionné ».

Les autorités s’inquiètent des emballages utilisés, pas forcément adaptés à recevoir des produits chimiques, et de l’absence d’étiquetage – © Natalia Deriabina

« La lessive, le liquide vaisselle et d’autres produits nettoyants sont vendus en vrac dans des réseaux spécialisés depuis plus de 15 ans, et aucun accident n’a été recensé », font valoir les enseignes.