Tout comme l’ensemble des carburants, les prix à la pompe de l’E85 connaissent une augmentation en 2023. De quoi décourager certains automobilistes d’opter pour un modèle compatible de série à l’E85, ou bien de procéder à l’installation d’un boîtier éthanol.
Est-ce toujours rentable de rouler à l’éthanol ?
Alors que les prix de l’E85 avoisinaient les 0,85 euro le litre fin 2022, notamment grâce au coup de pouce gouvernemental, dès le début de l’année 2023, le bioéthanol a symboliquement dépassé la barre de 1 euro le litre. Pourquoi cette augmentation alors même que ce carburant contient au moins 60 % de bioéthanol (la part restante étant de l’essence Sans plomb 95) ? Faut-il craindre une envolée des prix ?
L’explication est simple. L’augmentation du bioéthanol suit tout simplement celle des frais de production de l’éthanol, matière première de l’E85 ; l’inflation généralisée que nous connaissons touchant également les cultivateurs comme les producteurs de bioéthanol. Toutefois, que les automobilistes roulant à l’éthanol se rassurent : la tendance actuelle va bien vers une stagnation des tarifs de ce carburant, voire une baisse. En outre, les tarifs à la pompe de l’E85, même en augmentation en ce début d’année 2023, ont néanmoins permis aux conducteurs d’une voiture compatible de réaliser des économies par rapport aux carburants classiques.
Installer un boîtier éthanol : simple et économique
Rouler au bioéthanol demeure donc économique, que votre votre véhicule soit conçu pour rouler avec ce carburant, ou qu’il soit équipé d’un boîtier éthanol. Car, comme l’assure auprès de QueChoisir Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), les frais d’installation d’un tel boîtier sont amortis en 1 à 2 ans seulement, selon le profil des conducteurs. Pour savoir à quoi vous attendre en matière de coût, estimez gratuitement en ligne l’installation du boitier pour votre voiture
L’E85 est-il vraiment écologique ?
Si rouler à l’E85 demeure donc toujours autant économique en 2023, qu’en est-il de l’aspect écologique ? Cet agrocarburant, produit à partir de végétaux riches en sucre et en amidon, comme la betterave, le maïs et le blé, est-il vraiment neutre en carbone ? La question est plus complexe que l’aspect économique, qui a le mérite de pouvoir être réglé en comparant simplement les prix à la pompe.
En effet, évaluer le bilan environnemental des biocarburants requiert une « grande complexité méthodologique », soulignait la Cour des comptes dans son rapport publié en 2021. Car, si rouler au bioéthanol permet bien une réduction de l’ordre de 50 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à un carburant fossile, ses résultats ne tiennent pas compte du changement d’affectation des sols. En effet, produire de l’éthanol peut ainsi encourager le défrichage d’espaces naturels et donc, la diminution du stockage de carbone. Un point qui vient quelque peu atténuer la performance environnementale globale de l’E85, estimait la Cour des comptes.
Est-ce que l’éthanol pollue plus que l’essence ?
En France, la Collective du bioéthanol se montre toutefois rassurante : les cultures destinées à ce biocarburant ne représentent que 1 % de la surface agricole du pays. Une production qui peut par ailleurs se vanter d’être majoritairement française, contrairement aux produits pétroliers importés (à raison d’environ deux tiers de betteraves et céréales françaises, selon la Cour des comptes).
Reste que par rapport aux carburants fossiles, comme l’essence, le bioéthanol pollue moins par nature, puisqu’outre le fait de diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, l’E85 rejette peu de particules fines.
Quel avenir pour le carburant E85 ?
Un constat, positif tant sur le volet de l’économie que de l’écologie, qui semble donc assurer à cet agrocarburant un avenir prometteur. L’E85 demeure ainsi une valeur sûre pour le pouvoir d’achat des automobilistes, comme pour la préservation de l’environnement. En témoignent les ambitions européennes en matière de réduction des gaz à effet de serre et la probable autorisation de rouler après 2035 pour les hybrides rechargeables, si tant est que leur bilan carbone soit neutre.