En 1974, l’océanographe suisse Jacques Piccard prédisait ce qui allait se passer en 2030… et on ne le croyait pas !
L’humanité menacée dans 50 ans
Aujourd’hui, on dirait de lui que c’était un lanceur d’alerte. Mais c’était surtout un scientifique et un explorateur : Jacques Piccard (1922-2008), fils d’Auguste, l’inventeur du batyscaphe et du ballon stratosphérique, dont Hergé s’inspira pour son professeur Tournesol, et père de Bertrand Piccard, qui fit le tour du monde en ballon sans escale, mais aussi en avion solaire avec Solar Impulse.
En 1974, déjà, l’océanographe suisse expliquait pourquoi la crise climatique serait insurmontable sur l’antenne de la télévision suisse, la RTS. « Si tout continue la même façon, vers les années 2030 environ, donc dans 50 ou 60 ans… l’humanité est menacée”, expliquait-il alors à son interlocuteur incrédule.
Les limites de la croissance
“Les problèmes de production, de développement, notre société d’abondance… Je suis persuadé que nous faisons totalement fausse route. Si on ne s’en rend pas compte suffisamment tôt, on arrivera à la catastrophe.” Sur quoi se fondait-il alors pour affirmer cela, il y a cinquante ans de cela ? Sur le célèbre Rapport Meadows, “The Limits to Growth”, publié deux ans plus tôt, en 1972.
Mais que disait ce rapport ? Qu’il fallait sans doute mettre fin ou ralentir la croissance mondiale, stabiliser la croissance démographique et l’activité économique pour préserver notre planète. Mais aussi que plus l’on se déciderait tard, plus les solutions deviendraient complexes à mettre en place. Un demi-siècle plus tard, ce document demeure une référence pour les experts du climat, et des conséquences écologiques de la croissance économique.
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Une solution existe, mais…
Jacques Piccard déroulait alors les scénarios engendrés par l’exploitation excessive des ressources naturelles, de la pollution et de la population : l’effondrement, suivi d’une baisse brutale de la population.
Comment prendre de telles décisions, alors qu’il y a un demi siècle, les trois quarts de l’humanité résidaient dans des pays sous développés économiquement ? Comment répartir équitablement les richesses ? Avec la lucidité d’un grand scientifique, l’océanographe suisse répondait alors : “Vous venez de répondre à la question que vous m’avez posée au départ : est-ce que l’humanité est en danger ?… Une solution existe et vous admettez vous-même que cette solution est impossible à appliquer. Il est là, le danger !” Aujourd’hui, même si l’espoir et les solutions demeurent, le danger de l’effondrement n’a jamais été aussi présent.
Preck, de Jacques Piccard
Affaire policière ? Affaire scientifique ? Affaire politique ? En fait, les trois à la fois. L’auteur, qui a passé sa vie dans un milieu hautement scientifique mais que ses études à l’Université de Genève orientaient largement vers une carrière politique internationale, n’a cessé, sa vie durant, de se préoccuper de l’avenir de notre civilisation.
Un captivant roman qui, selon Albert Jacquard, « n’est guère éloigné du domaine des possibles »…
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