Santé mentale : les Français vont mal, mais ne le savent pas toujours

La santé mentale a été déclarée grande cause nationale 2025. Mais qu’en connaissons-nous véritablement ? Pourtant, chaque année, 13 millions de personnes en France, soit une personne sur cinq, vivent avec un trouble psychique.

Des troubles pas vraiment perçus comme des maladies

« Pour elles comme pour leurs proches, à la maladie s’ajoutent des situations d’errance diagnostique, de stigmatisation et de difficultés de prise en charge », rappelle l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques). En effet, la santé mentale demeure en fait un sujet largement sous-estimé par les Français. Il sont près de la moitié à estimer que seuls 10 % de la population est touchée par une maladie psychiatrique, soit deux fois moins que la réalité.

Pour un Français sur cinq, les troubles psychiques ne sont pas vraiment perçus comme des maladies. Ainsi, un sondage OpinionWay pour Inicea montre qu’un Français sur quatre pense encore qu’il suffit de “bonne volonté” pour sortir d’une dépression. Un sur cinq pense que la dépression n’est qu’une forme de tristesse, que consulter un psychologue montre que l’on est incapable de gérer ses problèmes seul. Un tiers des Français (36 %) juge par ailleurs que les personnes atteintes de troubles psychiques ne peuvent pas mener une vie de famille.

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Une certaine forme de tabou

À cela s’ajoute, il faut dire, un certaine forme de tabou sur cette question. Ainsi, selon ce sondage, la moitié des personnes concernées n’en parlent à personne ou ne trouvent pas d’oreille attentive. « Malgré l’importance des troubles notamment depuis la pandémie, la santé mentale reste un sujet dont on ne parle pas », résume l’Unafam. En parallèle, près de 80 % des Français estiment que la santé mentale n’est pas suffisamment abordée dans les médias ou dans l’entreprise. Et même en famille ou entre amis, selon 70 % des Français, le sujet est insuffisamment discuté.

Alors que seul un Français sur quatre connaît la réalité des troubles dépressifs dans la société, 44 % des Français souffrant ou ayant souffert de dépression se sont sentis jugés par leur famille, et 37 % par leurs amis ou collègues. 30 % estiment même avoir été rejetés par leur famille, et 24 %, par leur cercle d’amis. À qui reviendrait-il de porter ce sujet, tout juste désigné Grande cause nationale par Michel Barnier ? Selon le sondage de l’Unafam, c’est là le rôle des professionnels de santé, chercheurs et proches en priorité (plus de 80 %). Mais également du gouvernement (69 %), des entreprises (63 %) ainsi que des médias (59 %).