Face à une production plastique prévue pour tripler d’ici 2060, l’urgence est palpable. Des scientifiques et des ONG appellent à des mesures fortes pour lutter contre cette pollution plastique, mais les lobbyistes de l’industrie pétrolière et chimique continuent de peser lourdement sur les négociations, entravant un traité potentiellement historique.
Plastique : les pays producteurs de pétrole s’opposent à une limitation de la production
La cinquième session du Comité de négociation intergouvernemental « visant à mettre en place un instrument international contraignant sur la pollution plastique » s’est achevée sans accord définitif, le 1er décembre 2024 à Busan (Corée du Sud). Les pourparlers se sont enlisés dans des débats sur des questions de procédure et des divergences majeures. Tandis que des pays comme la Norvège et le Rwanda poussent pour une limitation de la production de plastique et pour l’intégration d’objectifs contraignants, des pays producteurs de pétrole – notamment l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran – s’opposent farouchement à une telle mesure. Ces dernières préfèrent axer le traité sur le recyclage et la gestion des déchets, arguant que la limitation de la production nuirait à leur économie basée sur les hydrocarbures.
Le texte prévisionnel d’un traité restait éclaté entre différentes options, témoignant des désaccords non résolus. Les délégués « pro-ambition », soutenus par plus de 100 pays, ont dénoncé les tactiques d’obstruction de certains acteurs, notamment des lobbyistes de l’industrie pétrolière et chimique. Ces derniers, présents en masse à Busan, ont exercé une pression considérable pour limiter toute réduction de la production plastique.
Les scientifiques plaident pour une réduction de production de plastique
Selon une récente étude publiée dans la revue Science, une réduction significative de la pollution plastique d’ici 2040 est encore possible. Cela nécessiterait des mesures telles que l’utilisation de 40 % de plastique recyclé dans les nouveaux produits, la stabilisation de la production plastique au niveau de 2020, et des investissements massifs dans la gestion des déchets. Cependant, ces actions nécessitent une volonté politique claire, absente des pourparlers de Busan.
Malgré tout, les espoirs restent vifs. La coalition des « pays à haute ambition » continue de plaider pour une reprise rapide des négociations avec des règles de vote plus souples afin d’éviter la paralysie par consensus. Des voix comme celle de Juliet Kabera, la directrice de l’Agence environnementale du Rwanda, ont appelé à rejeter un traité « sans dents », insistant sur le fait que l’inaction menace à la fois l’environnement et la santé humaine.
Alors que la production mondiale de plastique continue d’augmenter, l’urgence d’un traité contraignant est plus critique que jamais. Sans action décisive, la pollution plastique continuera de détruire les écosystèmes, augmentant la pression sur les pays vulnérables déjà touchés par ce fléau.
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