Les êtres humains, au fond, sont des animaux comme les autres. Mais nos modes de gouvernement n’ont en fait rien à envier à ceux du monde animal.
Des stéréotypes sur le monde animal
Dire que le degré de confiance dans le personnel politique est actuellement au plus bas serait un euphémisme, à l’international comme en France. Entre chambre ingouvernable et censure gouvernementale, la vie politique française ne sait plus vraiment ni où elle ni où elle va… À se demander, parfois, si les animaux ne gouverneraient au fond pas mieux que nous.
Certes on résume souvent, avec un regard humain, la gouvernance animale à des stéréotypes entre loi de la jungle et mâle alpha imposant son autorité par la violence. Mais derrière ces lieux communs dignes des Vélociraptors du célèbre Jurassic Park, on oublie un peu vite, a contrario, la capacité des animaux à gérer tranquillement le fonctionnement quotidien du clan, de la communauté. Notamment grâce à une bonne dose de prise de décision plus collective qu’on ne l’imaginerait.
Un mode de décision collectif
Le point clé : la communication dans le groupe en l’absence de la capacité de parler. Comment se mettre d’accord ? Des chercheurs du CNRS spécialisés en psychologie sociale et cognitive se sont penchés sur la question. Selon eux, si chaque individu est unique au sein d’un groupe social, avec ses besoins et motivations propres, en revanche l’intérêt du groupe social l’emporte. Une cohésion qui est une question de survie, et qui suppose donc tant de bien se coordonner que de négocier, même sans paroles.
Dit autrement, aux antipodes du mâle dominant dans le règne animal, le pouvoir absolu est en réalité plutôt rare. Et qui plus est moins efficace : l’un des meilleurs prédateurs qui soit est le Lycaon, sorte de chien sauvage africain. Mais avant de partir en chasse, chaque membre de la meute exprime son approbation par un éternuement. Une sorte de démocratie chasseresse clé de la motivation de chacun, et de son efficacité à attraper une proie, bien supérieure à celle du supposé roi de la jungle qu’est le roi.
Quand les animaux renversent le gouvernement
Cette intelligence collective, cette démocratie animale, se retrouve, en observant de plus près, dans nombre d’autres espèces. Au lieu d’obéir au seul étalon, les chevaux prennent ainsi des décisions en groupe, en s’orientant vers le sens de déplacement souhaité, tout comme le font les hordes de gorilles. Le leader peut ainsi se trouver désavoué par le groupe, en toute démocratie et en toute rationalité naturelle.
Qu’est-ce que l’animal pour nous ? Un concitoyen, affirmaient Will Kymlicka et Sue Donaldson dans Zoopolis, un livre-manifeste paru en 2011. Alors que l’on veille aujourd’hui à abolir les rapports de domination de l’espèce humaine sur le règne animal, comment ne pas repenser à ce qu’écrivait jadis le philosophe Michel Foucault : « L’homme, pendant des millénaires, est resté ce qu’il était pour Aristote : un animal vivant et de plus capable d’une existence politique ; l’homme moderne est un animal dans la politique duquel sa vie d’être vivant est en question. »
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