L’humain a une influence sur la nature que, bien souvent, il ne l’imagine ou ne remarque même pas. En effet, à force de refaçonner le monde à son image, de peupler et d’exploiter toutes les régions du globe ou presque, tant la faune que la flore sauvage ont dû s’adapter pour survivre.
Un acajou sans valeur commerciale
Au fil du temps, les chercheurs se penchent de plus en plus sur ces évolutions subies tant par les arbres que par les espèces d’animaux. Exemple s’il en est en la matière, l’acajou aurait pu disparaître tant ce bois rouge foncé considéré comme luxueux a été pillé dans les forêts tropicales. À tel point que, dans certains pays, le nombre d’arbres encore existants a chuté de plus de 70 % depuis les 50 dernières années.
Mais les successeur de ces Swietenia mahagoni ne culmineront sans doute pas à plus de vingt mètres comme leurs ancêtres. À force d’être coupés, le patrimoine génétique diversifié qui le leur permettait n’a pu être partagé, les acajous qui repoussent sont désormais des arbustes bien plus petits et d’une valeur commerciale bien plus faible. De quoi sauver l’acajou de la disparition, en quelque sorte…
Des éléphants sans défense… pour se défendre !
Le phénomène est troublant : on a vu des éléphants perdre leurs défenses afin de survivre aux appétits assassins des braconniers. Ainsi, dans la zone de conservation de Ngorongoro en Tanzanie, on observe ce qui pourrait être considéré comme une anomalie génétique : l’absence de défense chez ces majestueux animaux. Ce sont notamment de nombreuses femelles éléphants qui naissent sans défense, une façon de perpétuer l’espèce en évitant d’être ciblé par les tueurs. Le même phénomène a été observé en Mozambique, où le braconnage avait divisé par dix le nombre d’éléphants de savane dans le parc national de Gorongosa.
À autre contexte, autres menaces : certaines hirondelles d’Amérique du Nord ont quant à elle développé des ailes plus courtes. Pour quoi faire ? Afin de gagner en agilité afin de pouvoir éviter les voitures ! En effet, ces hirondelles des falaises du sud-ouest du Nebraska nichent souvent sous les ponts. À force d’être heurtées par des véhicules, elles s’y sont adaptées afin de survivre à cette évolution de leur environnement.
Escargots et pies en dépit de la vie en ville
Face aux réchauffement climatique, les escargots ne font d’ailleurs pas autrement : ils se mettent à avoir des coquilles plus pâles afin de mieux résister à la chaleur excessive de la vie en ville. En effet, les températures urbaines peuvent être jusqu’à 8 °C plus élevées que dans un environnement rural. Les coquilles sombres ayant tendance à se réchauffer davantage, les escargots risquent alors de mourir de chaleur. Une couleur plus pâle les aidera à survivre aux jours les plus caniculaires d’un été de vie urbaine.
C’est aussi à la vie urbaine que les pies, sans doute parmi les oiseaux les plus intelligents qui soient, se sont adaptées. Leur ennemis : les pointes anti-oiseaux, justement conçues pour les empêcher de s’installer. Certaines, ne manquant pas d’imagination, non seulement arrachent ces pointes, mais en plus se servent de ces matériaux artificiels pour leurs nids. En général, ces nids en forme de dôme comptent des branches de buissons épineux pour décourager les prédateurs voleurs d’oeufs. Désormais, ce sont aussi des pointes anti-oiseaux qui s’en chargeront ! Quand il s’agit de survivre et de s’adapter, heureusement, la nature a toujours de l’imagination…
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