La PAC 2014 sera-t-elle plus écologique ?

Rédigé par Vincent, le 5 Apr 2013, à 18 h 04 min
La PAC 2014 sera-t-elle plus écologique ?
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La réforme de la PAC sera-t-elle plus verte, soutiendra-t-elle les producteurs vertueux envers l’environnement et l’agriculture durable ? Protégera-t-elle les consommateurs ? Au vu des dernières actualités, le statu quo semble plutôt de mise, malgré les termes optimistes de « verdissement« , ou de « développement rural » avancés depuis plusieurs mois… Réponse en juin 2013 avec la décision finale du trilogue (Conseil, Parlement et Commission européens).

Une politique agricole à repenser et surtout à soutenir

agriculture-cerealesDepuis 1962, la tendance favorise l’agriculture intensive. L’usage d’engrais, de pesticides et la monoculture ont finit par avoir des conséquences alarmantes :

  • En France, 92 % des cours d’eau sont contaminés par les pesticides
  • les écosystèmes champêtres ont grandement dépérit
  • l’emploi a périclité, malgré les aides versées aux exploitants : en France , de 1,3 millions à 800 000 de 1987 à 2007 ; en Europe, une baisse de 25 % entre 2000 et 2009…

En janvier 2013, un sondage commandé par le WWF dans 6 pays européens montre que 90 % des personnes interrogées sont en désaccord avec la PAC et estiment que les aides versées ne devraient pas être un soutien au revenu mais devraient être conditionnés à la « production de biens publics« , c’est à dire un ensemble vertueux autour de l’agriculture : biodiversité, emploi rural, etc.

pac La Commission européenne s’était d’ailleurs placée sur la même ligne, avançant des propositions d’aménagements et d’évolutions enthousiasmant pour les consommateurs et les petits producteurs : plafonnement des aides versées (la part principale du budget de la PAC, jusqu’ici allouant 80 % des subventions à 20 % des exploitants) en guise de soutien au revenu, et obligations de « verdissement », telles que la présence de 7 % minimum de terres « réservées à l’écologie », c’est à dire une zone d’épanouissement pour les écosystèmes champêtres, selon les termes choisis, sur chaque exploitation.

Rappel : le budget de la PAC, un colosse aux pieds d’argile ?

Le verdissement annoncé pour la nouvelle PAC sera-t-il à la hauteur des espérances ?

Le vote du budget européen a été annoncé, courant mars 2013, pour 373 milliards d’euros. Malgré une baisse de 12 %, celui-ci reste le plus important de l’UE, représentant 40 % du budget global. La France en reste le principal bénéficiaire.

Il se compose de deux volets, ou piliers. Le premier, le plus important, est chargé de valoriser l’agriculture comme une force économique. Il consiste en une réserve d’argent à verser sous formes d’aides directes aux exploitants, avec les déséquilibres que l’on sait : les plus grosses exploitations raflent la mise principale, laissant les petits, a priori plus enclin à produire local et biologique, dans un certain marasme.

Le second pilier est consacré au développement rural (emploi, social, environnemental, économique). C’est à dire au respect de l’ environnement, à la production raisonnée à petite échelle, bref, à ce fameux « verdissement » dans le cadre de la nouvelle réforme.

Budget total européen 2014-2020 

  • 277,8 milliards € pilier 1 (aides directes)
  • 84,9 milliards € pilier 2 (développement rural)
  • 2,8 milliards € de réserve en cas de crise agricole

> Suite : Objectifs initiaux :  favoriser l’équité entre les aides perçues par les exploitations, et assurer le verdissement de la PAC

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6 commentaires Donnez votre avis
  1. Bien mauvaises nouvelles, mais pas surprenantes ; le capitalisme est totalement incompatible avec l’écologie

  2. Quand on pense qu’il y a des agriculteurs de la Beauce qui touchent 320.000€ alors qu’ils n’en ont pas besoin, c’est le scandale de la FNSEA, qui privilégie les gros au détriement des petits et surtout des bios…..
    On marche sur la tête en France…..

    • Bonjour Maxime
      Il n’y a pas qu’en France c’est toute l’Europe agricole qui continue à aller dans le mur. En Allemagne on méthanise du lisier mais ensuite pour composter les digestats il faut leur incorporer du maïs cultivé à grand renfort d’engrais, de pesticides, voire d’OGM et évidemment de subventions…Ces subventions sont de plus en plus découplées c’est à dire indépendantes des plantes cultivées mais elle ont été calculées il y a plusieurs années selon un barème qui était d’environ 400-450€ / ha pour les céréales en France, Allemagne, Benelux , contre 80€ pour l’herbe, donc favorisant outrageusement les grandes exploitations céréales / élevage industriel par rapport aux élevages plus petits moins intensifs. Ceux qui avaient fait quelques efforts pour verdir ou qui ne pouvaient pas s’intensifier sont pénalisés par rapport à ceux qui n’ont pas levé le petit doigt. Sur 100€ par foyer fiscal et par an que coute la PAC 80% vont à 20% des exploitations. La FNSEA est certes responsable d’un fort lobbying, mais la Coordination rurale, qui est à égalité aux élections des Chambres d’Agriculture avec 40-45% des voix, est très frileuse sur le verdissement. Seule la Confédération Paysanne (15% des voix) a pris résolument le parti d’une transition vers le bio.
      http://www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=1420&PHPSESSID=lhktgt9ucmha34jbnv1cf0ife7
      Aller vers le bio implique de réorganiser les filières mais il n’y a aucun budget pour cela, car le lobby agroalimentaire s’y oppose. Je crois que l’évolution ne viendra pas de la profession agricole ni des politiques, mais de la pression du secteur touristique et des opinions publiques, lassées du saccage environnemental et de la qualité dégradée de l’alimentation.
      Je n’ai pas d’amitié spéciale pour Nicolas Hulot mais j’observe que sa fondation relaie une pétition pour une réforme verte
      https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/r%C3%A9formons-la-politique-agricole-commune-pour-une-agriculture-et-une-alimentation-d-avenir-pac-ifieldgood?utm_source=action_alert&utm_medium=email&utm_campaign=22164&alert_id=kypBAnmgib_BlUIoXtkle

  3. Bonjour
    Merci pour ce très bon article
    Je confirme le constat de Eric, je vais de temps en temps dans le Gers où je ne vois que maïs, tournesol, un peu de soja et de vignes bien « saucés » dans des champs de 10 à 30-50 hectares, des parquets de poulets et quasiment aucun élevage animal dehors.
    Dans les Landes, il y a certaines grandes exploitations de carottes, irriguées à 1000mm d’eau par an, où les fanes (coupées avant arrachage) étaient restituées au sol après compostage, ceci n’est même plus possible tellement les fanes contiennent de résidus de pesticides.
    Les grandes exloitations vont continuer à truster les subventions, voire acheter des terres en Roumanie ou en Bulgarie (certains consortiums en sont à 50 000 hectares), pas de financements pour la formation technique de ceux qui voudraient passer au bio, ni pour réorganiser les filières.
    Le jour où les moyens et petits agriculteurs, en particulier les éleveurs non industriels, verront clairement que leur avenir est dans le bio et voteront pour d’autres syndicats que la FNSEA (présidée par..le président de Sofiprotéol, plus gros groupe européen de protéagineux huiles et tourteaux pour l’élevage industriel) les choses changeront un peu plus vite.
    Pour le moment, il y a du souci à se faire avec un ministre de l’agriculture qui récupère à son propre compte le mot agroécologie, laquelle se résume pour lui à un peu moins de pesticides (et encore les années où il ne pleut pas trop) et à la méthanisation du lisier de 1000 fermes (continuons à faire du porc industriel, ça fera du gaz). Ici en Normandie je vois des blés irrigués grâce à des subventions ! Que faire, sinon acheter le plus possible de produits bio, et tenter de parler avec les consommateurs et les agriculteurs pour comprendre et faire comprendre.

  4. Je vis à la campagne dans le sud-ouest. Ici c’est l’agriculture intensive du maïs qui domine. Ces quarante dernières années j’ai assisté à la disparition totale de la plus part des espèces de poissons dans les rivières, et des libellules, hannetons, papillons, abeilles et d’un tas d’autres insectes qui étaient encore abondants dans les années 60. Les oiseaux n’ont pas été épargnés. Et que dire des fleurs et plantes sauvages.
    La campagne a été javélisée par les pesticides et engrais.
    la nombre de cancers chez les jeunes dans les villages est totalement anormal.
    Et encore je n’ai pas connu la disparition des haies bocagères dans les années 50. Et l’abondance de la faune et de la flore sauvage qu’a connu mon père.
    Quand est-ce que s’arrêtera le massacre ?
    Il est urgentissime de renverser la vapeur si il n’est pas trop tard.

    • Je suis tout à fait d’accord avec vous. Plus d’insectes, plus d’oiseaux dans nos campagnes qui se transforment de plus en plus en désert. C’est en effet très inquiétant et je n’ai pas l’impression que les pouvoirs publics se préoccupent vraiment de la destruction des écosystèmes, enfermés qu’ils sont dans leurs bureaux. Je pense que nos enfants connaîtront hélas un monde totalement stérile si l’on ne change pas d’optique en favorisant une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des consommateurs.

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