Joseph, 62 ans, n’a pas attendu que le troc alimentaire redevienne une tendance pour en être un fervent adepte. En effet, ce jeune retraité qui possède un potager dans l’agglomération toulousaine échange son trop plein de légumes à ses proches voisins contre des plats préparés. Il nous confesse pouvoir économiser jusqu’à 800 euros par an en troquant de cette manière. Il fait partie du mouvement du food swapping, venu des États-Unis et en plein développement en France. Le troc n’a pas dit son dernier mot, il conquiert aujourd’hui nos pratiques alimentaires, en partant de Toulouse.
Une plate-forme française de food swapping : première du genre à Toulouse
Pour Joseph, le troc alimentaire est un véritable moyen de ne pas gaspiller ses légumes. Au-delà de cette économie de bon sens, cette forme d’échange lui permet de varier sa nourriture quotidienne tout en partageant de bons moments avec ses voisins. En effet, Joseph nous avoue avoir la main verte, mais pas forcément être habile aux fourneaux, ce qui ne s’avère plus être un problème avec le système de troc.
Le troc alimentaire existe bel et bien en France mais se matérialise de manière informelle sans réelle communauté. Le food swapping – comme on le nomme communément aux Etats-Unis, son pays d’origine – est une véritable solution pour économiser au quotidien, favoriser les liens sociaux et répondre au besoin croissant du mieux-manger, tout ceci à condition de pouvoir rassembler ces adeptes autour d’une plate-forme d’échange.
Créer une communauté et promouvoir un modèle de partage
L’un des premiers projets de food swapping français est en train de voir le jour dans la région toulousaine. Le site food swap’ers, encore à ses prémisses, a pour ambition de créer et de rassembler une nouvelle communauté sous la forme d’un espace collaboratif en ligne. Le site Foodswapers.com se veut donc le lieu qui permettra le troc culinaire, par l’échange de plats cuisinés, entre membres de la communauté, mais aussi par l’information sur les actualités et les événements liés aux valeurs du food swapping, et la collaboration avec le partage d’idées de recettes.
[NDLR : nous adoptons l’orthographe correcte pour food swapping en anglais, contrairement à la pratique de certains sites français, erronée, écrivant swaping.]
La mission première que le site s’est donnée est donc d’offrir à la communauté des food swappers un espace pour échanger leurs plats cuisinés, mais aussi la mise en place d’événements en lien avec les valeurs du food swapping.
Pour cela, il propose aux internautes de publier sur un espace collaboratif leurs annonces de plats cuisinés à troquer, associées à une géolocalisation, pour convenir d’un lieu de rencontre et de partage. De cette façon, tout un chacun peut, lorsqu’il cuisine un plat, prévoir une portion supplémentaire dans le but de l’échanger ou bien, conserver les restes d’un repas quotidien afin de pouvoir les troquer.
La technologie au service de l’échange : « rien ne se jette, tout s’échange »
Le site permet donc également de découvrir de nouvelles recettes de plats qu’on n’aurait pas eu le courage de préparer. Mais l‘idée du site va bien plus loin : au delà de simplifier et favoriser les échanges au quotidien, le food swapping permet de rendre plaisant et conviviale un moment parfois perçu comme contraignant. Finis l’ennui et le manque d’inspiration devant la casserole, on ne cuisine désormais plus uniquement pour soi ou sa petite famille, mais aussi pour partager avec la communauté.
Pour lever les contraintes, il faut faciliter au plus cette démarche d’échange et c’est ici que le site foodswapers.com entre en jeu. De par son interface, le site privilégie la mise en relation entre les membres et facilite le troc de leurs préparations culinaires.
D’autre part, l’engagement pour une démarche durable demeure prépondérante. En effet, la traçabilité des produits est un des points essentiel du concept et le site foodswapers.com met un point d’honneur à respecter cet engagement. Pour cela, il est donc demandé à chaque internaute souhaitant proposer un troc, de remplir une fiche détaillée concernant l’origine des produits utilisés dans l’élaboration de la recette, tout cela dans le but de veiller à une transparence totale. De même, cela permettra une mise en avant des produits locaux et de saison, favorisant une économie durable de proximité en privilégiant les marques responsables.
Enfin, l’aspect économique est également à prendre en compte. Effectivement, outre l’effet anti-gaspillage du food swapping, c’est également un moyen économique de consommer des produits et plats de qualité à moindre coût.
Le food swapping, pour favoriser l’échange et la convivialité
La plate-forme a également vocation de créer et d’organiser des événements food swapping. Concrètement, les membres se retrouveront à une date et à un lieu définis préalablement via la plate-forme afin de partager leurs plats mijotés à la maison. Ils seront ensuite amenés à remplir la fameuse fiche de traçabilité avant de promouvoir leurs préparations culinaires et d’échanger dans la convivialité.
Le réseau ambitionne également d’organiser des démonstrations culinaires avec des chefs régionaux cuisinant des produits locaux ou encore des conférences autour de thèmes tels que l’économie durable et la responsabilité environnementale, afin de proposer aux participants des animations complémentaires au troc de leurs plats.
Ainsi, fort d’une volonté de partager les valeurs communes au food swapping, le site foodswapers.com se positionne en portail de l’actualité économique, écologique, durable, sociale et culinaire, afin de rassembler des internautes autour d’événements de leurs régions, aussi bien de façon physique lors de rencontres, que par de manière virtuelle via la publication d’articles traitant de ces sujets sur la plate-forme.
Une équipe jeune bouillonnante d’idées, un mouvement global
Visionnaires et passionnés, les membres de l’équipe de foodswapers.com souhaitent promouvoir le concept de food swapping plus largement en proposant à la communauté des défis culinaires autour de marques ou de produits biologiques, locaux, équitables ou emblématiques de leur région.
Pour cela, ils ont pour ambition d’offrir à la communauté des food swappers, des partenariats avec de grandes marques, afin de créer un véritable réseau.
Avec le food swapping, tendons-nous vers une société du partage des aliments ? L’économiste et essayiste américain Jeremy Rifkin pense que oui : « Nous entrons dans un monde partiellement au-delà des marchés, où nous apprenons à vivre ensemble, toujours plus interdépendants, sur un communal collaboratif mondial ». Le food swap s’inscrit dans cette nouvelle société du partage.
Finalement rien de nouveau, ça se faisait avant, ça se fait encore… Si ce n’est un nouvel anglicisme. Défendons la planète et notre français lui aussi trop pollué.