Dernière festivité de l’année, la Saint-Sylvestre ne revêt pas de caractère religieux. Certains la rattachent à l’histoire du prêtre Sylvestre, un Romain qui fut élu 33e pape et qui occupa le Saint-Siège pendant 22 ans, sous le règne de Constantin le Grand. Il est resté connu pour ses constructions de grandes basiliques romaines. On raconte aussi qu’il aurait dompté un dragon… Sylvestre 1er, devenu Saint Sylvestre, mourut le 31 décembre 335.
À la Saint-Sylvestre, on fait du bruit pour chasser les mauvais esprits
Ce sont cependant plus vraisemblablement les Sigillaires, célébrées dans la Rome antique pour clôturer les Saturnales, et avec elles les festivités de l’année, qui sont à l’origine de la Saint-Sylvestre.
Cette fête donnait lieu à de grands festins qui permettaient de faire en bonne compagnie le pont jusqu’au premier jour de l’an neuf, puisque Jules César avait fixé la fin d’année au 31 décembre. La tradition voulait que plus le repas était long et les plats nombreux, plus l’année nouvelle serait heureuse et prospère.
D’où la tradition d’aligner les petits et grands plats et de festoyer, souvent entre amis, mais parfois aussi avec de parfaits inconnus, afin de passer le cap symbolique de la nouvelle année en échangeant des voeux pendant les douze coups de minuit, puis de s’amuser longtemps dans la nuit.
Lire aussi : réveillon 31 décembre insolite, découvrez les traditions du Nouvel An dans le monde
Même si, fuseaux horaires obligent, les habitants d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, seront les premiers à fêter le Nouvel An, musiques, coups de Klaxon et autres manifestations sonores retentiront progressivement partout dans le monde.
Pourquoi tant de bruit ? La réponse est à chercher dans une ancienne croyance, selon laquelle il n’y aurait rien de tel pour chasser et tenir à distance les mauvais esprits.
S’embrasser, oui, mais sous le gui
Passer la nuit de la Saint-Sylvestre avec celles et ceux que l’on aime est déjà une excellente raison d’être heureux. Il y a cependant un moment où les yeux brillent encore plus fort… avec les douze coups de minuit qui approchent, c’est non seulement le moment d’échanger des voeux, mais aussi des baisers, et si possible sous une branche de gui.
Encore une tradition dont l’origine se perd (presque) dans la nuit des temps. Les Druides considéraient déjà le gui, particulièrement celui qui poussait sur les chênes, comme une plante sacrée. Ils l’appelaient « rameau d’or », et seuls certains d’entre eux avaient le privilège de pouvoir le couper, avec une serpette en or si l’on en croit la légende.
Pour que le gui garde toutes ses vertus, il devait être cueilli le sixième jour de la lune, qui correspondait au début du mois gaulois.
À cette époque, on prêtait au gui, pris sous forme de boisson, toutes les vertus : non seulement il assurait la fécondité, mais il était un remède contre tous les poisons. Les Druides lui donnaient d’ailleurs un nom qui, dans leur langue, signifiait « guérissant tout ».
La tradition traversa allègrement les siècles, puisqu’il était encore de coutume au Moyen Âge de suspendre du gui aux poutres des plafonds pour assurer la prospérité de la maison et de tous ses occupants : culture, animaux, descendance…
Survivance sans doute du vieux culte druidique, il est toujours conseillé, aujourd’hui encore, d’accrocher du gui aux portes et aux fenêtres à l’époque de Noël et surtout pour le Nouvel An, afin de faire profiter toute la maisonnée et ses invités de ce véritable symbole de paix, de santé et de bonheur.
Pourquoi on s’embrasse sous le gui ? Différentes légendes circulent
La première raconte que les Druides eux-mêmes accrochaient du gui à l’entrée de leur maison, en guise de protection contre les mauvais esprits, et qu’ils embrassaient leurs visiteurs sous ce même gui pour leur porter chance et bonheur.
Ailleurs on raconte que, dans des temps fort éloignés, lorsque des ennemis se rencontraient sous du gui dans la forêt, ils renonçaient à tout combat et faisaient la paix jusqu’au lendemain. C’est de là que viendrait la coutume de s’embrasser sous du gui, en signe d’amitié.
Chez les Romains, toujours à l’époque des Saturnales, pour embrasser une jeune fille, il suffisait de l’entraîner à son insu sous une boule de gui : une croyance populaire voulait en effet que l’on ne puisse refuser un tel baiser, sous risque de ne pas se marier pendant toute l’année suivante. On privilégiait alors la ruse au consentement.
Le gui et ses légendes
Les légendes varient selon les régions, naturellement. Ainsi, un conte scandinave met en scène Baldut, le roi du soleil, tué par une flèche empoisonnée par un démon jaloux. La mère du roi, Preyla, déesse de l’amour, aurait alors demandé aux dieux de le ramener à la vie, en échange de quoi elle promettait d’embrasser toute personne qui passerait sous un arbre porteur de gui. Les dieux l’exaucèrent, et le gui devint alors le symbole à la fois de l’amour et du pardon. Joli, non ?
Ainsi, il est de bon augure pour les amoureux de s’embrasser sous le gui : une longue et heureuse vie de couple les attend. On dit parfois aussi que le même baiser sous la plante autrefois considérée comme sacrée, annonce un mariage dans l’année. À vous de voir si vous préférez embrasser votre amoureux dessous, ou juste à côté du gui.
Quant au bisou entre amis, véritable rituel de la nuit de la Saint-Sylvestre, il favoriserait la réalisation des voeux de chacun(e), tout en scellant encore davantage les liens amicaux. Embrassez donc qui vous aimez, mais toujours sous le gui (…et avec un masque) !