Du côté des chocolatiers, le 14 février ne marque pas une hausse significative des ventes, nous indique la confédération des chocolatiers confiseurs de France : « Nous, c’est Noël et Pâques avant tout. Après on a la fête des mères et la Saint-Valentin à peu près ex-aequo. » Un artisan chocolatier explique quand même que « ça met un peu de beurre dans les épinards. » Il hésite et ajoute : « au même niveau que la fête des mères. » Décidément… Cupidon ne serait-il pas si cupide ?
Les bijoux à la traîne
Les bijoutiers en revanche ne voient pas beaucoup de différences. Chez Madime on s’exclame : « pas du tout de hausse des ventes. » Une apathie confirmée par un autre bijoutier qui raconte que c’est « un peu comme la fête des mères… » Comprendre : les amoureux seraient plutôt radins, et les enfants aussi ? Du chocolat on verra, des bijoux certainement pas.
Les AirBnB, maisons d’hôtes et autres petits nids d’amour sont privilégiés par les amoureux, mais sans que cela se transforme en véritable ruée. On note quelques hausses des réservations, mais « ce n’est ni Noël, ni Réveillon », sourit-on dans une grande chaîne. Pas de trace de la fête des mères ici.
Une fête ancestrale, un excès commercial
La Saint-Valentin serait-elle en perte de vitesse ? Et les Valentins et Valentines auraient-ils les poches vides ? Pas tout à fait. Un secteur n’est pas abandonné par les amoureux : « nous on triple les vente, parfois plus », raconte tranquillement une employée de la Racine Carrée, une fleuristerie Parisienne.
« C’est une des plus belles fêtes de l’année, on fait des grosses ventes sur le 13 et le 14 Février », confirme la Fleuristerie Purple. Après un instant de réflexion, elle lâche candidement : « c’est presque autant que la fête des mères. » Quoi ? Encore ici les mamans dameraient le pion aux avares Cupidons ? « Oui, oui, la Saint-Valentin, au niveau des ventes chez les fleuriste, c’est entre la fête des mères et la fête des grands-mères. » Les grands-mères ? Si même elles s’y mettent pour détrôner les amoureux…
La fête des amoureux serait donc dépassée. Trop commerciale ? Loin des idées reçues, cette fête est ancestrale. Elle remonte aux Romains, et à la fête des Lupercales où l’on célébrait le dieu Faunus. Vers la mi-février, on sacrifiait un bouc en son honneur, puis dans la peau de la bête, on tranchait des lanières de cuir. A l’aide de ces dernières, les hommes à demi-nus, courraient dans les villes et poursuivaient les femmes afin de les frapper. Le but était de leur assurer fécondité et grossesse heureuses.
C’est le Pape, Gélase Ier, féministe avant l’heure, qui l’interdit aux alentours de 494. La Saint-Valentin nait réellement avec un autre pape, Alexandre IV, qui décide de mettre à l’honneur Valentin de Terni. Bravant l’interdiction de l’empereur Claude II qui avait interdit les mariages pour favoriser la guerre, il avait marié en cachette les amoureux. Il fut décapité. Le 14 février sera donc sa fête et avec elle, celle des amoureux.
La fête des mères, le maréchal Pétain et les sex-shops
La fête des mères quant à elle a été décrétée par Philippe Pétain, sous le régime Vichy, en accord avec la devise de l’Etat Français d’alors, Travail, Famille, Patrie. L’un des vestiges du pétainisme prendrait-il le pas sur la fête de l’amour, après avoir sacrifié celle-ci sur l’autel de la foi chrétienne, puis sur celui de l’argent ? Et les démonstrations pécuniaires de l’attachement des couples seraient-elles dépassées par celles que les enfants déploient pour leurs mères ?
Non, car un irréductible secteur résiste, encore et toujours, à la concurrence féroce des mamans, un secteur plus discret. Celui des sex-shops. « C’est tout simplement la plus grosse journée de l’année », tranche, catégorique, le Passage du Désir, magasin de charme bien connu des amateurs, et présent un peu partout dans l’Hexagone. Concorde, une autre chaine confirme : « on fait le double. » Pas de trace de la fête des mères ici. Ouf. L’amour est sauf.