Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), une moyenne de 6,5 milliards de kilos de déchets plastiques sont déversés chaque année dans les océans. Un chiffre alarmant puisque cette pollution menace les espèces marines et, par conséquent, toute la biosphère. Les filets de pêche, à eux seuls, représentent plus de 10 % des déchets trouvés dans les fonds marins.
Une entreprise italienne de production de fibres synthétiques, Aquafil, semble avoir trouvé une voie pour contribuer à contenir cette catastrophe environnementale : recueillir les déchets plastiques et les revaloriser pour fabriquer des textiles de qualité, avec un impact zéro sur la nature.
Pour donner une seconde vie aux déchets repêchés ainsi qu’à ses propres résidus de production, Aquafil a développé un procédé qui permet de les transformer en Nylon 6 de première classe : l’Econyl, un fil 100 % recyclé et recyclable.
Econyl possède les mêmes qualités que le Nylon « vierge », indispensable dans l’industrie du textile, notamment pour fabriquer des moquettes, des vêtements de sport, des maillots de bain, etc, et pour lequel des alternatives en fibres naturelles sont difficilement réalisables. Une bonne nouvelle donc pour les sportifs éco-responsables !
En plus, Econyl a un cycle de vie circulaire et infini : il peut être recyclé par la même technique de façon illimitée, tout en conservant des propriétés et une qualité similaires à celles du Nylon « vierge ».
Aquafil vise à régénérer 100 % de l’Econyl et ainsi créer un cercle vertueux, qui pourra répondre aux demandes croissantes de fibres textiles. Il s’agit donc d’un projet qui répond à deux concepts essentiels de l’économie durable : le zéro-déchet et le cycle de vie circulaire.
Des tonnes de déchets recyclés et moins de pollution dans l’industrie de la mode
La première usine de fabrication d’Econyl a été inaugurée en 2011 à Lubiana en Slovénie. Entre 2011 et 2013, elle a transformé 30 000 tonnes de déchets, et 26 000 tonnes rien qu’en 2014. Des chiffres remarquables si l’on ajoute à cela que, non seulement la production d’Econyl contribue a nettoyer les océans, mais elle a aussi permis de freiner la création de nouvelles fibres synthétiques, processus toujours très polluant, ainsi que d’éviter l’incinération – également très préjudiciable pour l’environnement – de tous ces déchets.
Actuellement, Aquafil récupère les filets de pêche au Canada, aux États-Unis, en Norvège, en Grèce, au Pakistan, en Turquie et en Thaïlande. Mais elle ne s’arrête pas là et a l’ambition d’élargir son action le long des côtes les plus polluées, soit en implantant des filières, soit en développant des partenariats et de mettre sur pied une logistique efficace pour le transport des déchets vers l’usine de Slovénie : à terme, un réseau global de collection des déchets et de partenaires divers à travers le monde.
À titre d’exemple, Aquafil travaille en collaboration avec la Société Zoologique de Londres et les pêcheurs locaux aux Philippines dans le but de récupérer les filets de pêche en fin de vie ou abandonnés. Une relation gagnant-gagnant que l’entreprise vise à reproduire dans d’autres régions du monde, en commençant par le Cameroun.
Parallèlement, Aquafil collecte aussi les déchets industriels de polymères et oligomères, les divers plastiques ainsi que les restes de toiles. Elle accepte aussi d’autres matériaux rapportés par des particuliers, comme les tapis et les moquettes et, bien sûr, tous les vêtements faits avec de l’Econyl.
Les marques reconnues adoptent l’Econyl
L’industrie de la mode et du textile a encore beaucoup à faire en terme de promotion des principes de développement durable, de l’économie d’énergie et de l’utilisation de matériaux recyclés, mais avec Econyl, le train semble lancé.
En effet, plusieurs marques très connues ont déjà utilisé le fil Econyl dans la confection de leurs produits. C’est le cas, pour ne citer que quelques exemples, de Triumph dans sa collection Triaction, des maillots de bain Adidas et Arena, des T-shirts Wave-O. Récemment, la mythique marque de jeans Levi’s, a annoncé le lancement d’une version de son modèle 522 composé d’Econyl.
Le directeur d’Aquafil, Giulio Bonnazi, a affirmé : « Nous (Aquafil) envisageons un monde où les objets du quotidien ne seraient plus produits au détriment de l’environnement ». Il poursuit : « ce nouveau partenariat est une preuve supplémentaire que les matériaux durables peuvent être utilisés dans la fabrication de produits aux traditions pourtant bien ancrées. Levi’s révolutionne l’industrie du denim ».
Merci pour cet article, votre article laisse à penser que le nylon recyclé ne rejette pas de micro particules de plastiques dans les eaux de lavage (à chaque lavage) comme le fait le nylon, le polyester, le polyamide,…
Est-ce vrai ?
Merci pour votre réponse