Vélo en ville : faut-il vraiment porter un masque anti-pollution ?

En cas de forte pollution urbaine, faut-il porter un masque anti-pollution ? Nous faisons le point sur les produits et conseils des spécialistes.

Rédigé par Stephen Boucher, le 22 Nov 2022, à 14 h 07 min
Vélo en ville : faut-il vraiment porter un masque anti-pollution ?
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L’air est chargé en particules. Les médecins conseillent de ne pas faire de sport. Faut-il donc ranger son vélo à la cave en attendant les jours meilleurs ? Rouler égoïstement en voiture ? Se coltiner les transports urbains bondés ? Il existe une alternative : le masque anti-pollution. Mais est-il vraiment efficace ?

On pourrait penser que rouler à vélo en ville, surtout pendant les pics de pollution, soit une mauvaise idée pour la santé.

Il n’en est rien : avoir une activité physique est bien meilleur pour la santé que de ne pas en avoir du tout, y compris les jours de forte pollution. Car si la pollution de l’air est responsable de 48.000 décès prématurés en France chaque année, selon une étude récente, 34.000 pourraient être évités par des mesures aisées, y compris une pratique plus importante du cyclisme(1).

Une personne enfermée dans l’habitacle de sa voiture, du bus ou les couloirs du métro est par ailleurs beaucoup plus exposée aux particules fines qu’un cycliste ou un piéton qui voit son air renouvelé constamment.

Ce genre de masque est totalement inutile pour lutter contre la pollution © Diego Cervo

Un masque anti-pollution peut néanmoins aider à préserver sa santé, de même que certaines précautions de bon sens :

  • modérer ses efforts sur la bicyclette,
  • éviter les axes de circulation fréquentés, privilégier les axes secondaires, et passer autant que possible par des lieux moins pollués comme les parcs,
  • ne pas circuler aux heures de pointe.

Une enquête de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) lancée en 2015, estime que ces masques « ne démontrent pas un bénéfice pour la santé » car ils « arrêtent une partie de la pollution, mais pas toute la pollution »(2). Si testé en laboratoire un masque anti-pollution peut s’avérer élevée, cela ne reflète pas pour autant son efficacité en conditions réelles d’utilisation, souligne le rapport de 150 pages.

Pour Guillaume Boulanger, coordinateur de l’enquête, l’efficacité des masques antipollution dépend de leur utilisation. En outre, ils ne doivent pas être utilisés par les enfants, et ne sont pas compatibles avec le port d’une barbe.

Masque anti-pollution : mettez le prix

On trouve sur le marché une diversité de masques anti-pollution. Les plus courants sont fabriqués en Lycra pour bien épouser la tête.

On trouve également des foulards dits « anti-smog », qui ont une efficacité moindre.

À noter : un simple masque hygiénique ne filtrera en rien l’air pénétrant dans vos poumons, vous pouvez donc l’ignorer complètement.

On retiendra les modèles dont le filtre, constitué d’un tissu contenant du charbon actif, peut se changer. Un usage quotidien, d’une heure par jour dans une atmosphère « normalement » polluée, ne nécessitera de changer le filtre qu’une fois tous les six mois environ. D’autre part, il est également conseillé de le rincer à l’eau bouillante une fois par mois.

Dans son enquête, l’Anses préconise de laver et de changer régulièrement son masque. Son efficacité dépend aussi de nombreux autres critères tels que l’ajustement au visage, l’entretien du dispositif, l’information et la formation de l’utilisateur ou encore son activité, etc.

Des bénéfices réels sur la pression sanguine et le rythme cardiaque

Le masque anti-pollution permet d’éviter d’inhaler des microparticules et une vaste gamme de polluants urbains communs, mais aussi les pollens et les poussières de construction. Cependant, toujours selon l’Anses, ces masques filtrent une partie des particules (sauf les plus fines qui sont les  plus dangereuses, mais pas les gaz.

Une étude dans la revue scientifique Particle and fibre toxicology conclue que : « Porter un masque anti-pollution semble réduire les effets négatifs de la pollution de l’air sur la pression sanguine et la variabilité du rythme cardiaque. Cette simple mesure peut protéger des individus sensibles et empêcher des événements cardiovasculaires dans les villes à forte concentration d’air pollué. »(3)

Le masque anti-pollution constitue ainsi une protection importante pour les personnes allergiques et celles souffrant d’asthme, et une précaution pour la santé utile.

Un défaut : sueur et performance

Pour être plus efficace, le masque anti-pollution doit bien épouser votre visage, pour ne pas laisser passer d’air sans qu’il transite par les filtres. Mais cela rend la respiration plus difficile.

Par ailleurs, ceci entraîne un effet d’échauffement de l’air respiré et une condensation de la sueur à l’intérieur du masque. Pour cette raison, certains sont munis de  vannes à sens unique qui empêchent l’accumulation de l’humidité et facilitent l’évacuation du CO2 à l’extérieur. Pour autant, vous devrez accepter un léger inconfort.

Article republié.
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

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