Les cantines scolaires cristallisent souvent les angoisses et les conflits entre parents d’élèves, enfants et administration. En effet, quoi de plus symbolique et fondamental que ce que l’on donne à manger à nos enfants ? Entre normes d’hygiènes maximales et introduction du bio, respect des grammages imposés et alternatives végétariennes, les cantines sont souvent tiraillées.
Aujourd’hui, c’est autour du plastique utilisé en restauration scolaire que les discussions se concentrent.
Les cantines de Bordeaux passent au tout-plastique, Strasbourg le supprime
La raison du problème ? Les plastiques utilisés en restauration sont en contact direct avec la nourriture, et celle-ci est parfois réchauffée, refroidie, et reste plusieurs jours dans des poches ou des barquettes en plastique avant d’être servies aux enfants. Des pratiques qui provoquent des risques non négligeables de transmission de particules du plastique vers la nourriture. Bisphénol A, perturbateurs endocriniens… peuvent porter atteinte, à terme, à la santé des enfants.
C’est quand les cantines de Bordeaux sont passées aux assiettes en plastique que le collectif Bordeaux pour une cantine sans plastique a été créé. À l’origine pour limiter le bruit, les assiettes en plastique ont suscité le mécontentement des parents d’élèves. La municipalité ne veut cependant pas plier sur son utilisation du plastique sur l’ensemble de la chaîne de production, en consentant uniquement à remplacer les barquettes en plastique par du cellulose.
À Strasbourg, 1 million de barquettes en plastique en moins par an
En Alsace, la mobilisation des parents d’élèves au sein du collectif Projet Cantine Strasbourg a porté ses fruits : le prestataire qui s’occupe de la restauration scolaire s’est engagé à supprimer les barquettes en plastique des écoles, au profit de l’inox, réutilisable à vie.
Le résultat de la mobilisation d’une mère de famille, Ludivine Quintallet, « qui n’hésite pas à souligner à quel point servir du bio dans du plastique est incohérent« , souligne Le Monde. La jeune femme a invité des experts à discuter avec la Mairie des risques de la proximité du plastique avec la nourriture pour les jeunes enfants.
La Mairie s’est donc engagée à supprimer les barquettes en plastique, au prix d’importants investissements. Pour Ludivine Quintallet, « Cela signifie qu’il faut former le personnel, qu’il faut acheter du matériel, changer les four, etc. C’est une énorme décision saluée par les médias en relevant le rôle décisif des élus. Ceux-ci comprennent alors qu’ils sont dans le juste… »
Illustration bannière : Des fruits en plastique- © tanuha2001
A lire absolument
Il y a deux approches différentes et évidemment contradictoires, et deux raisonnements tout aussi contradictoires :
Le tout plastique permet des économies de personnel, d’eau et de produit lessiviels, une limitation de la casse et du vol de vaisselle avec une garantie d’hygiène. Mais une production de déchets (recyclables) importante.
Le sans plastique ménage la susceptibilité de certains vis-à-vis des PE et de l’écologie, mais engage des dépenses en personnel, en eau et produits de lavage, et un investissement en vaisselle. Mais une réduction des déchets.
Entre les deux mon cœur balance.
La véritable révolution sera le recyclage des poubelles de nourritures.