Alors qu’a débuté Octobre Rose, la vaste campagne de dépistage du cancer du sein organisé en France, des polémiques éclatent autour de la pratique systématique de la mammographie après 50 ans. Une pratique qui peut être amenée à traiter les femmes pour des tumeurs parfois bénignes.
Des mammographies plus fréquentes, un surdiagnostic du cancer du sein ?
Encore un cas difficile à résoudre pour les femmes. D’un côté, le corps médical qui les enjoint à réaliser des mammographies tous les deux ans et qui rappelle que « 12.000 femmes en meurent chaque année », d’après le Conseil National de l’Ordre des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).
D’un autre côté, certaines voix s’élèvent contre le « surdiagnostic ». En effet, ces mammographies détectent des tumeurs qui seraient à évolution tellement lente qu’elles ne provoqueraient jamais de cancer du sein du vivant des femmes.
Certaines tumeurs pourraient en outre disparaître d’elles-mêmes, d’après une étude parue dans la revue Archives of Internal Medicine(1). D’après Catherine Hill, épidémiologiste, « pour une femme sauvée, on trouve trois surdiagnostics« , rapporte-t-elle à l’Express. Des conclusions qui conduisent à des opérations, voire à des chimiothérapies ou des ablations du sein parfois inutiles.
Une défiance envers le dépistage systématique
Ainsi, malgré les campagnes en faveur du dépistage, l’examen est boudé par les Françaises. 50 % des femmes invitées à participer au dépistage ont réalisé une mammographie au cours de l’année dernière, selon l’Institut de veille sanitaire ; un chiffre en baisse depuis 2015.
À l’instar de la vaccination systématique, la défiance est de plus en plus grande envers le corps médical. Alors, entre refuser les dépistages et prendre le risque de développer un cancer du sein, que faire ? Pour Vincent Robert, auteur d’une étude sur le dépistage du cancer du sein, « au niveau de la santé publique comme au niveau individuel, le dépistage est une loterie. Un petit nombre de femmes y gagne, un autre y perd. La meilleure solution, c’est de les informer et de leur laisser le choix. » Alors, à quel « sein » peut-on se vouer ?
Illustration bannière : mammographie – © Chompoo Suriyo
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