Le Cytotec, un médicament ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement des ulcères de l’estomac, est surtout utilisé pour provoquer des accouchements. Mais, son administration par voie vaginale entraîne de nombreux risques.
Un médicament utilisé pour provoquer des accouchements, malgré la contre-indication
Voici un scandale médicamenteux qui rappelle celui de Diane 35, le médicament contre l’acné employé comme pilule contraceptive. Cette fois, il s’agit du Cytotec (ou misoprostol), un médicament ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement des ulcères de l’estomac. Cependant, il est surtout utilisé pour ses effets secondaires notamment celui de provoquer des accouchements.
La notice indique pourtant de ne « jamais prendre du Cytotec au cours de la grossesse« . Malgré cette contre-indication de son fabricant (Pfizer), le misoprostol était utilisé dans certaines maternités. Et l’on comprend mieux cette contre-indication au vu des conséquences graves sur la santé de l’utilisation de ce médicament. Ainsi, des effets indésirables dangereux, notamment cardio-vasculaires, ont été constatés. En 2013 déjà, l’Agence nationale de sécurité du médicament avait épinglé le Cytotec. Cette dernière publiait même une mise en garde sur les risques potentiels liés à son utilisation.
Des cas mortels qui n’ont entraîné son retrait que cinq après
La même année, l’ANSM avait recensé les cas d’effets indésirables : quatre cas mortels d’infection lors d’IVG aux États-Unis en 2005 ; un cas d’infarctus du myocarde chez une femme de 37 ans ayant eu une IVG, en 2012. Pourtant, cette molécule, le misoprostol, a été utilisée en gynécologie-obstétrique pour diverses situations : les IVG, le déclenchement du travail ou encore la préparation à la pose de stérilet. Enfin, contrairement à ce qui est recommandé, ce médicament a été administré par une voie vaginale au lieu de la voie orale. Or, l’administration par voie vaginale entraîne de nombreux risques de surdosage, dangereux pour la santé de la mère mais aussi de l’enfant, tels des contractions trop fortes, des risques d’hémorragie, une rupture utérine ou encore une mauvaise oxygénation du foetus.
Il aura donc fallu presque cinq ans pour que le couperet tombe puisque le retrait devrait intervenir le 1er mars 2018. En effet, l’ANSM n’a aucun pouvoir légal. La justice a donc fait accélérer les choses. Et, ce vendredi 20 octobre, l’ANSM présente un « Plan d’action visant à garantir la continuité de l’accès aux traitements en prévision de l’arrêt de commercialisation du Cytotec« . Le laboratoire Pfizer a donc bien pris la décision de retirer le Cytotec du marché français. De son côté, l’ANSM s’inquiète tout de même que ce retrait brutal n’empêche les autres laboratoires commercialisant du misoprostol de répondre immédiatement aux besoins.
Illustration bannière : Femme tout juste mère – © ChameleonsEye
A lire absolument