Enfant, je voyais les obèses aux États-Unis comme une anomalie exotique qui soulignait la supériorité, telle que je la percevais, de notre modèle de consommation en Europe, alimentaire notamment. Et j’observais avec curiosité Outre-Atlantique ces férus – voire obsédés – de vitamines, compléments en tous genres, clubs de gym, et healthy lifestyle qui paraissaient d’autant plus virulents que leurs compatriotes prenaient de l’embonpoint. Au fond, en concluais-je, ces deux populations sont les deux faces de la même dynamique d’excès et de dérèglement dans nos modes de vie.
La société de consommation incarne aujourd’hui pour une frange de plus en plus mobilisée de Français, dont les lecteurs de consoGlobe.com font certainement partie, un désir d’acquérir inassouvi qui ne prend pas en compte ses impacts, humains, environnementaux. Exit le « plaisir d’acheter » : à l’heure de la responsabilité, priorité au sens, aux sentiments, à la santé.
Consommation responsable : des Français de plus en plus convaincus ?
Spontanément, selon une enquête de l’Observatoire Cetelem récemment publiée, les Français associent la consommation responsable à l’écologie et au bio… mais pas seulement.(1) Réalisée par Harris Interactive, l’enquête montre que les notions de recyclage, de commerce équitable, ou encore de production locale et de circuits courts se popularisent, montrant la diversité de ce mode de consommation dans l’esprit des Français. Dans les comportements quotidiens, c’est d’ailleurs par la lutte contre différentes formes de gaspillage que les Français s’inscrivent le plus dans un pacte de durabilité. On s’en réjouit.
La consommation responsable : une aspiration plus qu’une réalité pour la majorité des Français
Près de 8 Français sur 10 considèrent ainsi qu’ils consomment aujourd’hui de manière responsable. Mais pour la plupart d’entre eux, il s’agit davantage d’un objectif vers lequel ils souhaitent tendre (50 %) que d’une transition déjà effective. De façon générale, les Français estiment que l’adoption de ces comportements responsables constitue un changement profond et nécessaire dans la consommation (78 %). Après la satisfaction première, la réalisation qu’entre déclarations d’intention et réalité, le chemin n’est pas encore totalement parcouru.
Par ailleurs, les Français s’accordent pour se dire être prêts à payer un prix plus élevé pour un produit dont ils sont sûrs qu’il a été conçu de manière responsable… à condition que le supplément ne dépasse toutefois pas 10 %. C’est un signal utile pour les producteurs et distributeurs qui ont bien compris qu’ils pouvaient appliquer des marges plus importantes aux produits bio et éthiques, mais ont tendance à trop en profiter.
Disponibilité des produits responsables : peut mieux faire
Autre signal positif à terme : une courte majorité de Français (59 %) estime qu’il est plutôt aisé de consommer de manière responsable, mais attendent de pouvoir le faire dans plus de secteurs. Seul le secteur alimentaire (78 %) est en effet perçu comme capable de fournir facilement des produits responsables. 59 % estiment par ailleurs que les magasins ne distribuent pas suffisamment de produits responsables.
Le consommateur français, conscient qu’il est le mieux placé pour agir en faveur d’un changement profond des modes de consommation est donc prêt à être plus responsable, si on lui en donne l’occasion à un prix raisonnable.
Mais l’est-il vraiment ? Ces messages soulignent en creux ce qui m’apparaissait enfant dans les rues américaines : la réalité de la consommation en France, en Europe, est son augmentation régulière, des déchets qui continuent de s’accumuler, sans que leur volume annuel ne diminue sensiblement sur notre sol, tandis que les déchets que notre consommation génère au niveau mondial par la délocalisation de notre production continuent d’augmenter. Oui, nous sommes responsables aussi chez nous des plastiques dispersés en Asie du fait de nos importations.
La conclusion s’impose : pour changer, nous devons démocratiser plus que renforcer la minorité agissante. Plutôt qu’être plus écologistes que le roi écolo, plus pur que le voisin, plus exigeant que le vegan le plus exigeant, nous devons faciliter la démocratisation du bio à bas prix ainsi que la diffusion des gestes simples et peu coûteux du quotidien pour réduire l’empreinte environnementale de chacun.
Par des propos modérés, des solutions pratiques, en combinant exigence et tolérance, réduire de quelques pour-cent les émissions, les déchets de chacun aura beaucoup plus d’impact que d’améliorer drastiquement la consommation de quelques uns. Nous nous y employons à consoGlobe.com. Tous, nous pouvons être consom’acteurs de la démocratisation de la consommation responsable.