Selon une étude secrète commandée par l’Union européenne et révélée par Reuters, le projet de gazoduc STEP, reliant l’Espagne à la France, ne serait pas viable économiquement et n’aurait pas d’intérêt, au final. Mais les enjeux stratégiques pourraient primer.
La Commission européenne a caché une étude défavorable au projet de gazoduc qu’elle estime stratégique
L’agence de presse Reuters vient de révéler une étude selon laquelle le projet d’interconnexion gazière entre la France et l’Espagne, appelé « STEP », ne serait pas utile et coûteux. Mais la Commission européenne et le gouvernement espagnol le soutiennent et auraient donc caché ces informations.
Pour rappel, le projet STEP, South Transit East Pyrenees, consiste en un gazoduc enterré de 120 km de long entre Barbaira dans l’Aude et Le Perthus à la frontière espagnole. Une canalisation qui ira ensuite jusqu’à Hostalric près de Gérone pour relier, à l’est des Pyrénées, les réseaux de gaz entre la France et l’Espagne.
Ce chantier est porté par l’opérateur Teréga (ex-TIGF) et son coût en France est estimé à 450 millions d’euros. Le tracé définitif n’est pas encore défini mais les travaux doivent débuter en 2021 pour une mise en service fin 2022. Au total, 44 communes de l’Aude et 51 des Pyrénées-Orientales sont concernées. Cette interconnexion peut être considérée comme la première phase du méga projet gazier MidCat dont le coût dépasserait les 3 milliards d’euros. L’étude dévoilée a été tenue secrète par la Commission européenne qui l’a commandée au cabinet finlandais Poyri.
Un projet qui pourrait augmenter les tarifs du gaz en France
« Il n’est pas étonnant que nous n’ayons jamais pu avoir accès à cette étude car elle démontre très clairement que le projet n’est pas viable économiquement, qu’il n’a aucun intérêt pour la sécurité d’approvisionnement des deux pays et qu’il pourrait même faire augmenter les tarifs du gaz en France », réagit Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre(1).
Et quid du respect des objectifs de l’Accord de Paris ? « Nous savons que le gouvernement français aurait des réticences face au projet, pourtant les porteurs du projet poursuivent tranquillement leur chemin. Il est grand temps qu’il y mette un coup d’arrêt définitif », conclut-elle.
Au final, le projet d’interconnexion gazière STEP reliera la France, via l’est des Pyrénées, au réseau ibérique, principalement pour accroître la capacité d’exportation de gaz de l’Espagne en provenance d’Afrique du nord. Cette connexion servira donc au gaz algérien, incluant le gaz de schiste dont l’exploitation est interdite en France, qui arrive par le gazoduc sous-marin MedGaz à Almeria (en provenant de Beni Saf), mais aussi aux terminaux portuaires espagnols Barcelona, Sagunt et Cartagena où est livré du gaz naturel liquéfié en provenance du Qatar, du Nigeria et de Trinidad et Tobago.
Ce futur équipement est naturellement hautement stratégique à l’échelle de l’Union européenne, mais au final, il s’avère peu viable et pourtant éligible à d’importants financements publics. Pour les pays du sud, c’est l’assurance du développement de l’extraction du gaz de schiste (avec tous les dangers que cela comporte) et pourrait même s’ensuivre d’une augmentation des consommations et donc des gaz à effet de serre !
Illustration bannière : Ouverture des vannes – © ZoranOrcik
A lire absolument
C’est ridicule de dire qu’un gazoduc va déclencher l’exploitation de gaz de schistes!
D’abord, vivre c’est émettre du CO2, le zéro CO2 est une aberration!
Et à force, la seule chose que vous allez produire, ce sont des centrales nucléaires, et des voitures au lithium et aux terres rares, ce que fait très le ministre Hulot, soi-disant écolo…
Mieux vaut du biogaz, et du syngas carburant qui pourrait être produit partout en Europe à partir du CO2 du charbon, et supprimer ainsi le pétrole!