Les décisions sur la transition écologique annoncées mardi 27 novembre n’auront rassuré ni les gilets jaunes, ni les défenseurs de l’environnement.
« Le statu quo sur l’ère du nucléaire »
Lors de son discours du mardi 27 novembre, Emmanuel Macron a tenu à fixer le cap de la France pour les années à venir en matière de transition écologique et énergétique. Au-delà de la mise en place d’un Haut conseil pour le climat, 14 réacteurs nucléaires seraient promis à la fermeture, mais à l’horizon 2035. Pour les ONG environnementales, le compte n’y est pas entre la fin du mois et la fin du monde. « Emmanuel Macron est en train de réussir un tour de force : alors que l’urgence climatique s’aggrave, il s’apprête à faire moins pour la transition énergétique et le climat que son prédécesseur, François Hollande », a estimé sévèrement Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France. « Ce discours c’est le statu quo sur l’ère du nucléaire et l’art du vide en matière de transition écologique et solidaire » a aussi déclaré Audrey Pulvar, Présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme, qui au final estime avoir « plus d’interrogations que de réponses. »
Pour les ONG qui défendent la planète, les annonces faites par Emmanuel Macron en matière de nucléaire tiennent en effet du « en même temps », entre ministère, Bercy et EDF. Elles sont en recul par rapport au cap souhaité jadis par Nicolas Hulot, à savoir notamment six arrêts de réacteurs en plus de Fessenheim d’ici 2028. Bercy souhaitait pour sa part repousser le début des fermetures à 2029, tout comme EDF. « Le gouvernement continue d’accorder un soutien aveugle au nucléaire, au mépris des objectifs fixés en matière d’énergies renouvelables, estime Greenpeace France. Le gouvernement semble privilégier les lois dictées par les industriels et les lobbys à celles votées à l’Assemblée Nationale. »
7,5 millions de « passoires énergétiques »
Le Président de la République a confirmé que la part du nucléaire serait ramenée à 50 % de la production d’électricité à l’horizon 2035, contre un objectif initial de 2025 dans la loi de transition énergétique, jugé impossible à atteindre. « Le Président nie la volonté des Français de réduire la part du nucléaire, les difficultés économiques d’EDF et le risque croissant lié à la prolongation des centrales au-delà des 40 ans », juge Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement. Pour lui, ce gouvernement est « incapable de se débarrasser du boulet que le nucléaire représente pour la transition énergétique de la France. »
Du côté du WWF France, on dénonce aussi « les paradoxes flagrants ainsi que le décalage entre le diagnostic et l’absence de solutions concrètes ». L’association « déplore également que le gouvernement ouvre la porte à un programme sur le nouveau nucléaire, programme demandé à l’opérateur EDF pour alimenter des décisions en 2021 avec des conditions posées en termes de compétitivité. » Enfin, en matière de réduction de la dépendance aux énergies fossiles, « le gouvernement a manqué l’occasion de présenter des mesures concrètes et additionnelles sur la rénovation des bâtiments », alors que « la France compte 7,5 millions de passoires énergétiques et 3,3 millions de ménages en situation de précarité énergétique. »
Illustration bannière : Emmanuel Macron – © Alexandros Michailidis / Shutterstock
A lire absolument
Article très clair, merci !