Mercredi 3 avril 2019, le Comité national de l’agriculture biologique (CNAB) se réunissait avec à l’ordre du jour plusieurs sujets : le chauffage de serres en bio, la séparation des produits bio et non bio présentés en vrac dans les magasins, l’évolution du cahier des charges pour les oeufs de caille et le lama-alpaga…
Débat autour du chauffage des serres en bio
Alors que le Comité national de l’agriculture biologique (CNAB) se réunissait pour la mise en place d’un encadrement des pratiques de chauffage de ces serres(1), les organisations comme la FNAB (Fédération nationale de l’agriculture biologique) ou le SYNABIO (Syndicat des transformateurs et distributeurs bio) sont vent debout et réclament un moratoire sur les nouveaux projets de construction de serres chauffées en bio.
Le chauffage des serres en bio pose un problème en terme de compatibilité avec la démarche agronomique de la culture bio, mais aussi en terme de dépenses d’énergie. Le sujet met aussi les agriculteurs bio français en situation de distorsion de concurrence par rapport à ceux des autres États membres.
Manger des fraises ou des tomates en hiver, c’est désormais possible. Mais à quel prix ? Les serres pour cultiver ces fruits sont chauffées. Cela pose d’autant plus problème lorsqu’il s’agit de cultures bio.
Le débat a tourné court puisque le président du CNAB, Olivier Nasles, a indiqué qu’il n’y avait pas de consensus entre les différentes familles de l’agriculture biologique sur ce sujet et que le vote était, par conséquent, reporté à juillet 2019. La FNAB et le SYNABIO ont réclamé un moratoire pour empêcher l’ouverture de nouvelles serres chauffées(2).
Une pratique en opposition avec la culture bio
Les deux entités ont ainsi réaffirmé leur opposition au chauffage des serres en bio souhaitant « une interdiction formelle de cette pratique », demandée une première fois en juin 2018. Pour les deux organisations, « le chauffage des serres implique une spécialisation des cultures qui appauvrit les sols, dès lors, incompatible avec la démarche agronomique défendue par le modèle biologique ».
En effet, la FNAB d’expliquer que le cahier des charges bio impose le « respect des cycles naturels » et une « utilisation responsable de l’énergie ». Or, selon l’étude FoodGES de l’ADEME, une tomate produite en France sous serre chauffée, est responsable de 4 fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate importée d’Espagne et 8 fois plus qu’une tomate produite en France en saison.
Les autres conclusions du Comité national de l’agriculture biologique
Si le CNAB n’a pas réussi à s’entendre sur l’épineux problème de la culture sous serres, il a validé d’autres mesures :
Distribution de produits biologiques et non biologiques en vrac
Afin de mieux protéger les consommateurs et d’éviter la confusion entre produits bio et non bio présentés en vrac dans les magasins, les obligations des distributeurs doivent être les suivantes :
- Les produits bio doivent être présentés de manière clairement « séparée dans l’espace ou dans le temps » des produits en vrac classiques.
- Les produits en vrac similaires bio et non bio ne doivent pas être présentés côte à côte.
De nouveaux cahiers des charges approuvés
Les cahiers des charges pour l’harmonisation des conditions de production et des niveaux d’exigence pour la production bio d’oeufs de cailles ainsi que de laine et de viande de lama et d’alpaga ont été validés.
Le rapport annuel semences biologiques
Le rapport 2018 sur le régime de dérogation à l’emploi de semences biologiques affiche une baisse significative du nombre de dérogations de l’ordre de 11 % par rapport à 2017, notamment pour les semences fourragères et de grande culture. Il s’agit de la première baisse significative depuis le lancement de la base semences-biologiques en 2004.
Illustration bannière : Homme travaillant dans une serre – © Dusan Petkovic
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