L’Inra et l’Inserm remettent sérieusement en cause l’utilité des préparations infantiles hypoallergéniques. Et préconisent de réaliser désormais des études cliniques sur ces préparations avant de promouvoir leur potentiel effet.
15.000 enfants suivis pendant deux ans
C’est paradoxal : la consommation de préparations infantiles hypoallergéniques n’est pas associée à un moindre risque d’allergies chez les nourrissons. Ces préparations sont-elles vraiment efficaces ? C’est la question que pose une équipe menée par l’Inra et l’Inserm, dans le cadre de travaux réalisés pour une première étude épidémiologique d’envergure nationale, consacrée au suivi des enfants, de la naissance à l’âge adulte(1).
Selon les résultats publiés dans la revue Pediatric Allergy and Immunology, on ne peut établir de lien de causalité entre la consommation de ces préparations et la baisse des risques d’allergies chez les nourrissons.
Les chercheurs de l’Inra et de l’Inserm ont suivi 15.000 enfants pendant deux ans pour établir une relation entre la consommation de ces préparations infantiles et la survenue de manifestations allergiques telles que l’eczéma, les sifflements respiratoires, l’asthme et les allergies alimentaires.
Au final, les scientifiques n’ont observé aucun effet protecteur de ces produits contre d’éventuelles manifestations allergiques comparativement aux préparations infantiles classiques. « Au contraire, l’utilisation à 2 mois de préparations hypoallergéniques chez des enfants sans signe d’allergie à cet âge était associée, dans les années qui suivent, à un risque plus élevé de sifflements respiratoires et d’allergies alimentaires », précisent-ils.
Réaliser des études cliniques
Les préparations infantiles hypoallergéniques contiennent des protéines partiellement hydrolysées, c’est-à-dire fragmentées en petits morceaux. Ces protéines sont censées protéger l’enfant contre le développement d’allergies. Mais l’efficacité de ces préparations est controversée : « trop peu de données sont disponibles sur leur influence dans la prévention des allergies en conditions réelles d’utilisation ». La société américaine de pédiatrie et la société suisse de pédiatrie ont d’ailleurs récemment retiré leur recommandation vis-à-vis de ces préparations infantiles.
Les chercheurs français soulignent la nécessité de réaliser désormais des études cliniques sur ces préparations avant de promouvoir leur potentiel effet hypoallergénique. C’est d’ailleurs l’objet d’un nouveau règlement européen qui entrera en vigueur en 2021.
Illustration bannière : Bébé nourri au biberon -© Dmytro Zinkevych
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