#MonPostPartum : après l’accouchement, la parole des femmes se libère

Quand les réseaux sociaux permettent de libérer les tabous : le hashtag #monpostpartum parle et montre sans filtres le corps après l’accouchement.

Rédigé par Pauline Petit, le 26 Mar 2020, à 16 h 45 min
#MonPostPartum : après l’accouchement, la parole des femmes se libère
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Le hashtag #metoo a permis de libérer la parole des femmes sur le harcèlement sexuel. Au tour du hashtag #MonPostPartum de connaître un succès sur Twitter et Instagram. Loin du glamour, il dévoile un monde de solitude que connaissent beaucoup de jeunes mamans, entre larmes, sang et corps déformés.

#MonPostPartum brise le tabou de l’après accouchement

On ne nous dit pas tout ! C’est la triste réalité à laquelle se frottent – une fois de plus – les femmes après la grossesse et l’accouchement. Sur les réseaux sociaux, c’est une mannequin, Ashley Graham, qui a, l’une des premières, cassé le tabou, en postant une photo de son corps après l’accouchement, encore déformé, accompagné d’un commentaire : « lève la main si tu ne savais pas que tu devrais changer tes propres couches également ». Son témoignage a reçu plus de 800.000 likes sur Instagram et a inspiré en France le hashtag #monpostpartum.

Les galères du post partum

On ne le sait pas assez : la grossesse, l’accouchement et la suite ne sont pas (que) des parties de plaisir. Alors que tout le monde s’extasie sur le bébé, la jeune maman doit gérer les nuits sans sommeil, le corps à l’abandon, les douleurs des cicatrices et/ou de l’allaitement, le sang, les chutes d’hormones…

Dans ce fil de discussion, on y parle des désagréments physiques. Beaucoup de jeunes mamans ignorent à quel point l’accouchement et la suite de couches sont douloureux, et qu’il faut du temps pour réapprivoiser son corps. Les tous premiers jours après avoir donné la vie, on ignore généralement tout des « tranchées », les contractions post-accouchement, et du sang que l’on perd encore parfois plusieurs semaines après.

post partum

Cicatrices, vergetures, saignements… Le cadeau des jeunes mamans ©Troyan

Sur Instagram, maman_remoise raconte par exemple « Je n’imaginais pas le choc de voir ou oser toucher mon corps pour me laver après l’accouchement. La peau flasque des seins, les vergetures, le ventre vide, mou mais toujours gonflé. Je n’imaginais pas les litres de sang et caillots que j’allais perdre pendant plusieurs jours ».

Le hashtag #MonPostPartum libère également la parole sur le vide psychologique que connaissent de nombreuses mamans, dû à la chute d’hormones et à la fatigue de l’arrivée d’un petit bébé.
Constance_Pereira et beaucoup d’autres évoquent « ces larmes qui coulent, coulent, pendant des mois, sans que je ne comprenne pourquoi… » et qui confesse « je ne pensais pas qu’être maman serait aussi dur ».

 

Voir cette publication sur Instagram

 

#monpostpartum – En réaction à une publicité rejetée par @abcnews et l’Académie des Oscars qui dépeint honnêtement l’épisode douloureux du post-partum ainsi que la publication d’@ashleygraham qui pointe du doigt le silence autour de cette convalescence, me voici, portant une couche pour adulte, épongeant le sang qui coule pendant des jours et des semaines, le ventre encore gonflé, l’utérus encore étendu, les contractions qui le remettent doucement en place, les jambes bleuies, les points qui tirent, l’impossibilité de s’asseoir sans douleurs, l’urine qui brûle, l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. Si on parlait davantage de ces sujets, si on ne les invisibilisait pas de façon systématique, les mères se sentiraient moins isolées, moins démunies. Préoccupez-vous des mères. Mettez en lumière leur vécu.

Une publication partagée par Illana Weizman (@illanaweizman) le

Pour beaucoup, comme pour Sarah_Pinkman, le post partum, « C’est la solitude. L’immense solitude. Le manque de compassion, de compréhension, de considération, d’aide ». Certaines évoquent également d’autres sujets encore méconnus, comme les phobies d’impulsion, un phénomène qui toucherait pourtant 70 % des femmes. Des pensées parasites comme, peut-on lire à ce sujet sur France Inter : « Je pourrais faire du mal à mon enfant, involontairement OU volontairement, l’étouffer ou l’empoisonner, ou le laisser tomber, le jeter contre le mur, etc etc etc. » Des pensées qui culpabilisent beaucoup de femmes mais qui sont un phénomène quasi-normal après l’accouchement, face aux diverses injonctions dont on nous abreuve.

Un hashtag pour faire peur ? Pour faire passer l’envie d’avoir des enfants ? Trop d’impudeur de montrer ses couches post-partum sur les réseaux sociaux ? Non, pour nous il s’agit simplement d’un élan d’information, de sororité et de partage pour ces femmes qui se sont senties trop seules après l’accouchement, et essayer de trouver ensemble des solutions pour diminuer désinformation, douleur et solitude après avoir donné la vie.

Illustration bannière : Bébé et maman après l’accouchement © osobystist
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