Détecter et enregistrer les contacts rapprochés d’utilisateurs de l’application afin de rompre la chaîne de contamination du coronavirus qui sévit sur la planète entière, c’est la mission de l’application de traçage numérique StopCovid envisagée en France.
Il n’existe pas encore, mais cet outil agite les débats aussi bien au sein de la classe politique que de la société civile. On redoute un manque d’efficacité et un grignotage « en règle » des libertés individuelles.
StopCovid – Une application toujours en développement sur fond de problématiques techniques et éthiques
Depuis plusieurs semaines, le débat fait rage autour d’une des solutions envisagées par le gouvernement pour suivre l’évolution du virus après le déconfinement.
Baptisée StopCovid, cette application pour smartphones utiliserait la technologie Bluetooth afin de permettre aux utilisateurs de savoir s’ils croisent des personnes susceptibles d’avoir été contaminées par un porteur du virus. Ainsi les utilisateurs ayant téléchargé l’application seront alertés à chaque fois qu’ils auront côtoyé (dans la rue, les transports, etc.) une personne diagnostiquée positive, à condition qu’elle soit elle-même équipée de l’outil de traçage numérique. On aura alors le choix de contacter les « brigades sanitaires » pour se signaler, savoir ce que faire, et éventuellement se mettre en quarantaine si besoin.
Premier problème de taille, entre 25 et 30 % des Français ne sont pas équipés d’un smartphone, parmi lesquels 44 % ont plus de 70 ans. Pour eux, le gouvernement propose la mise en place de boîtiers ou de bracelets électroniques !
Deuxième problème, le nombre d’utilisateurs nécessaires pour rendre le concept viable est flou. On a parlé un moment d’un taux de 60 % d’adoption pour que l’appli soit efficace. Pour rappel à Singapour, où une application similaire a été téléchargée par 20 % de la population, le gouvernement a dû faire marche arrière et mettre en place le confinement de la population, la technologie n’ayant pas eu l’efficacité escomptée !
Illustration bannière : Application de traçage numérique spéciale Covid-19 – © DesignRage
A lire absolument
Le technologie aussi sophistiquée soit elle, ne peut pas résoudre les problèmes humains d’organisation, de comportements et de détournement des usages. Nous ne sommes pas des êtres rationnels. Et le « traçage anonyme » c’est un peu comme la pluie sèche ou l’avion décarboné, c’est un oxymore!
Plus clair que les assertions à l’emporte-pièce sur l’anonymisation, la conformité à la réglementation, la protection des données, etc. que bien peu d’entre nous sommes capable d’analyser techniquement,
voici des exemples de détournement très simples à imaginer (et à mettre en œuvre) pour comprendre de façon très concrète de quoi il retourne en matière de protection de notre vie privée.
framablog.org/2020/04/24/applis-de-tracage-scenarios-pour-les-non-specialistes/
Je comprends qu’on puisse me penser paranoïaque, mais voici ce que je ressens, en dehors de toute réflexion:
Lorsqu’on évoque le traçage numérique, je vois des étoiles jaunes sur une partie de la population française.
Je l’avoue, ce n’est pas rationnel, mais ça me fait peur.
Je suis tranquille, je n’ai pas de smartphone…!