Une étude de chercheurs chinois de Canton a rapporté un cas possible de contamination Covid19 dans un restaurant. Neuf personnes auraient été contaminées par une personne testée positive alors que les distances semblaient suffisantes. Les membres du personnel ont été eux testés négatifs. Le dispositif de climatisation qui comportait des bouches de soufflage au dessus des tables a donc été fortement suspecté. Faut-il dès lors craindre la propagation du virus par la climatisation ?
C’est quoi une climatisation et quels risques de contamination ?
D’abord bien comprendre ce que nous appelons « climatisation ». C’est un dispositif qui peut assurer dans un bâtiment ou une pièce plusieurs fonctions bien distinctes :
- Réchauffer ou rafraîchir la température de l’air.
- Brasser l’air pour assurer une température homogène.
- Dans certains cas, réguler l’hygrométrie.
- Assurer le renouvellement de l’air.
Lorsque toutes ou une partie de ces fonctions sont assurées de façon centralisée pour un bâtiment, on parle généralement de Centrale de Traitement d’Air (CTA).
Théoriquement, la contamination est possible
La simple modification de la température n’introduit pas de risque particulier si ce n’est qu’elle induit des mouvements de l’air dans la pièce. L’air réchauffé va monter tandis que de l’air rafraichi va avoir tendance à descendre provoquant des mouvements de convection.
Pour accélérer l’homogénéisation de la température ou assurer le renouvellement de l’air, les systèmes de climatisation comportent en général des dispositifs de soufflage.
Si une convection s’opère entre deux zones éloignées où se trouvent des personnes contaminées et d’autres pas, la propagation de virus par les aérosols présents dans l’air ainsi brassé est donc théoriquement possible… Même si de grandes incertitudes subsistent sur la durée de vie d’un virus dans un tel flux d’air en fonction de la température et l’humidité.
Quels systèmes pour quels risques ?
Il existe plusieurs systèmes de climatisation selon leur technique de traitement de l’air.
La convection entre zones chaudes et froides
Dans le cas d’une climatisation individuelle ou d’un échangeur froid de type aérotherme (équivalent d’un radiateur mais dans lequel circule de l’eau glacée) sans renouvellement d’air, le brassage par convection (l’air froid descend, l’air chaud monte) peut transporter des aérosols d’un zone à une autre.
Le phénomène est amplifié si le système est doté d’une ventilation forcée, et surtout si une personne dans la pièce est infectée…
Principe du traitement d’air
Dans le cas d’un système de traitement d’air, de l’air à la bonne température est introduit par des bouches de soufflage et aspiré en d’autres points par des bouches d’extraction ou de reprise. L’air vicié extrait est évacué à l’extérieur et remplacé par de l’air filtré et régulé à la bonne température.
Si un nombre suffisant de bouches permet le renouvellement avec un soufflage bien réparti, le risque de dispersion est très faible.
Systèmes à air recyclé, attention
Dans des systèmes collectifs classiques, la régulation de température est réalisée en mélangeant une partie d’air neuf entrant avec une partie d’air « de reprise ». Le mélange traverse ensuite des filtres, puis des échangeurs (batteries froide et chaude) permettant de réguler la température.
Dans ces systèmes dits « à air recyclé », un risque subsiste si les filtres présentent des fuites ou ne sont pas suffisamment performants pour éliminer les virus.
Un filtrage défectueux ou inadapté est encore plus dommageable si l’air de reprise est collecté dans plusieurs pièces ou appartements avant d’être partiellement recyclé et réinjecté dans les circuits.
Dans les hôpitaux ou bâtiments sensibles, dans les avions, etc., la performance des filtres doit être adaptée à la taille des particules pathogènes dont on veut se protéger. Mais ailleurs ?
Double flux 100 % air neuf : les systèmes les plus sûrs
Dans les centrales de traitement d’air récentes à double flux, un échangeur permet de transférer des calories de l’air sortant dans l’air entrant sans mélange des flux. Conçus pour limiter au maximum les pertes d’énergie, ces systèmes ont aussi des avantages en termes sanitaires.
Dans la chambre d’un malade, si un doute subsiste sur le système de ventilation ou son état, il peut être préférable de couper la climatisation et de renouveler l’air en ouvrant les fenêtres.
De la nécessité d’un entretien régulier
L’entretien des filtres, des joints et l’ajustement correct des réglages sont indispensables. Ils ne sont malheureusement pas toujours assurés régulièrement. C’est d’autant plus important dans les bâtiments très bien isolés et étanches à l’air.
Une mauvaise gestion du renouvellement d’air peut occasionner bien d’autres désagréments : condensation et dégradation des murs, moisissures, augmentation du taux de CO2, de particules ou de composés organiques volatils (COV), mauvaise élimination des odeurs, etc.
Au-delà des risques sanitaires liés au coronavirus, c’est donc peut-être une occasion de s’intéresser aux dispositifs de renouvellement d’air de votre appartement, maison ou immeuble…