A moins de trois semaines du début de la grand-messe olympique, le compte à rebours a vraiment commencé à Pékin. Un plan de contrôle de la pollution atmosphérique a été lancé le dimanche 20 Juillet dernier, à coups de restrictions touchant la circulation des véhicules et de limitations des émissions provenant des usines.
- Objectif : dégager les cieux encombrés de la capitale chinoise, assainir l’air dans une des villes les plus polluées au monde et atténuer les inquiétudes des athlètes engagés aux JO.
Ainsi, même pour un jour de week-end, le trafic était étrangement fluide dans les rues de la capitale chinoise, la nouvelle règle interdisant de circulation des voitures un jour sur deux en fonction du dernier chiffre de leurs plaques d’immatriculation, pair ou impair.
En vertu de ce plan mis en place pour deux mois ( jusq’au 20 septembre), la moitié des 3,3 millions de voitures que compte la métropole va disparaître des rues de la ville.
"C’est super. C’est comme conduire en plein milieu de la nuit. Cela va apporter un grand soulagement pour les jeux Olympiques", s’est félicitée Fan Wenling en montant dans sa voiture pour se rendre à son travail.
- Le ciel semblait déjà plus clair dimanche au-dessus de la mégalopole de 17 millions d’habitants, mais il était difficile d’attribuer cette percée aux nouvelles conditions de circulation ou à la météo !
Une amende de 100 yuans (14 dollars), une somme dissuasive pour de nombreux Chinois, est prévue pour les contrevenants, a prévenu le bureau des transports de la ville.
- La circulation alternée ne s’applique toutefois pas aux taxis, et certains chauffeurs se réjouissent de cette aubaine.
"Je pense qu’il sera possible de se faire plus d’argent mais on devra probablement travailler plus pour ça", a souligné Ma Guiwei, conductrice d’un taxi.
"Il sera de toute façon plus agréable de conduire dans de meilleures conditions de trafic pour un certain temps", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, il a été demandé aux employés d’aménager leurs horaires et les administrations ouvriront une heure plus tard que la normale. Pour faire face à la progression attendue de quatre millions de voyages quotidiens dans les transports en commun, deux nouvelles lignes de métro et une liaison ferroviaire avec l’aéroport ont été inaugurées samedi avec un mois de retard sur le calendrier.
"C’est bien plus rapide qu’un taxi, alors c’est très bien", observait Ola Tunamder, arrivé dimanche d’Helsinki, qui a pris le train à l’aéroport pour se rendre à Pékin.
- Le Comité international olympique a prévenu que les épreuves d’endurance, notamment le marathon, pourraient être suspendues en cas de mauvaise qualité de l’air afin de protéger les sportifs.
Nombre de compétiteurs ont choisi de s’entraîner loin de Pékin et le président du Comité international olympique Jacques Rogge a précisé que les épreuves d’endurance en plein air durant plus d’une heure seraient repoussées si la qualité de l’air était mauvaise.Grâce à la circulation alternée, les autorités chinoises espèrent réduire le trafic de plus d’un million de voitures.
- Notons que la pollution de l’air tue plus de 400.000 personnes hcaque année en Chine.
Les mesures ne concernent pas seulement les transports mais aussi les usines chimiques, les centrales électriques et les fonderies qui devaient diminuer leurs émissions de 30 % à compter de dimanche. Quant aux travaux de construction dégageant de la poussière dans la capitale, ils devaient être totalement suspendus.
En dépit des quelques 40 milliards $ consacrés à l’amélioration des infrastructures et de l’aménagement de lieux frappant l’opinion publique, assurer un environnement sain aux meilleurs athlètes au monde attendus aux JO de Pékin (8-24 août) est le plus grand défi auquel fait face la Chine.
Quelques 300 000 véhicules fortement polluants, de vieux camions dont nombre ne roulent que de nuit avaient été interdits dès le 1er juillet. Le 25 juillet, des voies de circulation spécialement dédiées aux JO seront mises en place et fonctionneront jusqu’au 25 septembre.
La métropole va mettre 265 km de chaussées à disposition de véhicules olympiques afin de leur permettre de circuler entre les hôtels, les sites sportifs et le Village olympique. La vitesse moyenne devrait être de 56 km/h.
Mais selon certains experts, ce plan contre la pollution pourrait bien n’avoir aucun impact si des vents imprévisibles déposaient des pollutions dans la capitale, malgré les fermetures d’usines dans la ville et cinq provinces alentour. Le contraire serait également compromettant à la qualité de l’air : il y a généralement peu de vent au mois d’août, ce qui accroît les risques de pollution.
L’impact de la nouvelle mesure pourra être plus facilement mesuré lundi, quand les Pékinois prendront ou non la route. Un test grandeur nature réalisé en août 2007, un an avant les Jeux, n’avait pas été concluant : la diminution autoritaire du nombre de voitures pendant quatre jours à Pékin n’avait pas réellement amélioré la qualité de l’air.
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Article rédigé par Elwina, juillet 2008