La découverte de charniers de gibiers refait surgir le scandale du non-respect comme de l’amélioration des méthodes d’enfouissement de ce que l’on appelle les déchets de chasse.
Chasse – Plus de 400 tonnes de déchets de gibier par an
Confinement ou pas, la chasse bat son plein. Ces dernières années, les tableaux de chasse n’ont cessé d’augmenter, de façon presque exponentielle, avec un nombre de sangliers abattus multiplié par six et de cervidés par quatre.
Tout récemment, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a même dû condamner l’attitude irresponsable de certains chasseurs face au risque de la Covid-19. Elle a rappelé « à toutes les personnes concernées par la pratique de la chasse des espèces susceptibles de causer des dégâts aux intérêts économiques privés ou publics, qu’elle ne peut se faire qu’en respectant des règles sanitaires très strictes et obligatoires ».
Plus largement, ce boom de la chasse soulève la question de la gestion des déchets de chasse : abats, peaux, pattes, têtes, carcasses… Que faire des déchets de gibier ?
La récente découverte, notamment par des familles en promenade, de véritables charniers remet en lumière les problèmes que peuvent poser les règles d’enfouissement de ces déchets, qui s’élèvent selon les estimations à plus de 400 tonnes par an.
Le sujet semble encore en partie tabou, mais constitue pourtant un véritable risque sanitaire, si ces déchets et carcasses sont abandonnés à ciel ouvert, en pleine nature, au petit bonheur la chance…
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Des déchets de chasse retrouvés dans une rivière
En effet, si l’enfouissement des petites carcasses dans la nature est d’ordinaire toléré voire tolérable, il demeure soumis au code rural, dont l’article L226-3. Mais quid des déchets plus massifs, concernant des dizaines de milliers d’animaux abattus ?
Même les chasseurs viennent à s’en émouvoir. Ainsi, dans un communiqué, la Fédération Départementale des Chasseurs 21 a dénoncé le 17 novembre dernier l’abandon des déchets de chasse dans une rivière, une promeneuse ayant ainsi découvert des têtes et des abats de sanglier sur la commune de Spoy(1).
Selon elle, « l’enlèvement et le traitement des déchets de venaison permettent de réduire à la fois les risques épidémiologiques et de limiter les gênes aux autres usagers de la nature ». Elle rappelle ainsi que, « dans les secteurs à enjeu sanitaire, la collecte est rendue obligatoire, et dans les autres zones, la fédération incite fortement et accompagne ses sociétés de chasse à s’équiper de bacs et faire évacuer les viscères par l’équarrissage ».
Des fosses d’enfouissement en expérimentation
En matière de collecte des déchets de chasse, le département de la Dordogne a été le premier à initier une politique de collecte, avec 51 points de ramassage équipés de containers. Ramassés une fois par semaine, ils ont permis d’éliminer plus de 30 tonnes de déchets par mois, qui finissent incinérés.
Autre solution sur l’Île de Beauté : la fosse cimentée, d’un coût de 1.500 euros, dont la construction est par exemple subventionnée à 80 % par la fédération des chasseurs de Corse. Une telle fosse peut potentiellement accueillir les restes d’environ 100 sangliers par an.
Le département du Vaucluse préconise quant à lui de « mettre les déchets non valorisables issus du grand gibier dans une fosse creusée à même la terre puis de recouvrir le tout de chaux vive qui désagrègera les restes ».
Quant à la La Fédération de chasse des Pyrénées-Orientales, même si des charniers existent encore, elle mène également des expérimentations de fosses d’enfouissement. Six sites expérimentaux d’enfouissement végétalisés sont ainsi en test en pays catalan. Si ce principe de telles fosses à même d’accueillir des centaines de carcasses est validé, il pourrait faire l’objet d’une obligation légale dès le début de l’année 2021.