En dépit des difficultés présentes, la mode éthique bénéficie d’un avenir prometteur. Ses enjeux sont importants tant sur le plan environnemental, que social et économique. Pour en savoir plus sur le développement de la mode éthique à travers le monde, consoGlobe a rencontré Laure Saint Martin, chef de projet à l’AME (Association des Acteurs pour la mode éthique)…
consoGlobe : Qu’est-ce que l’Association des Acteurs pour la mode éthique ? Quels sont vos objectifs ?
L.S.M : L’association des acteurs de la mode éthique regroupe une dizaine de marques telles que Veja, Ideo, Ethos, Tudo Bom, Cruselita etc.Toutes pionnières dans le développement d’une mode responsable tant sur le plan des matières (coton bio, soie non violente, matières recyclées) que sur celui des process indutriels (teintures) et de la confection (traitement éthique des couturières qu’elles soient en atelier ou à domicile). Ces marques travaillent à ce titre avec des fournisseurs ayant des labellisations reconnues comme Ecocert, GOTS, FLOcert, IMO, etc.
L’objectif de l’AME est de participer à la professionnalisation de ses membres et de contribuer avec eux au développement de la mode éthique. Cet objectif se décline en 3 axes :
- un axe économique (mutualisation des solutions à des problèmes communs, veille stratégique),
- un axe responsabilité sociale et environnementale (audit social et environnementale des pratiques et apport de solutions communes),
- et un axe qui touche plus à la communication et à l’événementiel (blog et ventes privées).
CG : A quelle charte de qualité stricte la mode éthique doit-t-elle répondre pour être qualifiée d’ « éthique » ? Quels sont les Labels officiels qui garantissent un achat sûr au consommateur ?
L.S.M : La mode éthique répond à une charte stricte écologique et sociale de bout en bout de la chaîne, de la conception du produit à sa commercialisation, de la matière première au produit fini. Des systèmes de garantie sont là pour aider les marques à choisir leur fournisseurs en toute connaissance de cause.
Ceux que j’ai mentionnés plus haut à savoir Ecocert pour les matières biologiques, Ecocert ESR (pour les conditions de travail), IMO, Oeko Tex pour les teintures, GOTS pour les matières biologiques, Max Havelaar pour le coton équitable. Par ailleurs la charte éthique de l’AME précise que l’éthique doit s’appliquer à toute la production et pas seulement à une gamme ou une ligne de produits.
CG : Les fraudes et les abus existent-ils dans la mode éthique ? Des exemples ?
L.S.M : Les abus peuvent survenir des partenaires même des marques qui écoulent du coton conventionnel au lieu de coton bio. Ces problèmes peuvent avoir lieu dans les matières mélangées (type soie/coton, ou coton/lin) où les quantités de coton sont plus faibles et où la rentabilité est atteinte plus difficilement. Ce genre d’abus se solde inévitablement par la rupture de la relation avec le fournisseur. La vigilance des marques est donc cruciale pour détecter ce genre de problème au niveau du prototypage et garantir le bio pour la production.
CG : La famille de la mode éthique s’agrandit lentement mais sûrement (lingerie, chaussures…). Que trouve-t-on dans la mode éthique actuellement ?
L.S.M : Quasiment de tout : du prêt à porter pour la femme, l’homme, l’enfant et le bébé. Des pièces basiques et décontractés chez Ideo à des pièces plus strictes comme des tailleurs chez Ethos, des pièces avec des matières et des coupes plus « haut de gamme » chez Article 23. Vous trouverez aussi des vestes en cuir chez Pampa and Pop. Vous avez désormais des marques créateur Ambryn, By mutation voire même Haut de couture.
Les accessoires explosent : bâche recyclées (Bilum), sac à partir de chutes de cuir (Deux filles en Fil), chambres à air (Cyclus), cuir tanné écologiquement ou sac en coton bio (Veja), on ne compte plus les possibilités et la variété des créations dans ce domaine.
Pour ce qui est de la lingerie et des chaussures, les développements sont plus limités. Question lingerie, Peau Ethique et G=9.8 étaient jusqu’alors les seules à en proposer. Un article paru dans Quelle Santé en Février fait état de plus récents développements notamment chez Ekyog. Pour la chaussure, la production joue souvent du coton bio, du caoutchouc sauvage et du cuir tanné écologiquement. Les tennis de Veja, et les bottes de Como No en sont de bons exemples.
Pour la chaussure à proprement parlé, la production reste soit très marquée stylistiquement (Pikolinos, Moyi Ekolo ), ou des tentatives assez isolées comme Terra plana (matières recyclées). Par ailleurs en ce qui concerne le cuir, parler de spécificité de la mode éthique est assez épineux puisque de nombreuses marques conventionnelles respectent le tannage écologique qui n’est pas un tannage végétal mais un tannage conventionnel avec maitrise de l’impact environnemental. Beaucoup de marques se gargarisent aussi de produire en matières recyclables mais c’est pour moi un moindre mal.
Nous devons attirer l’attention sur le fait que beaucoup d’efforts recouvrent l’aspect écologique de la mode éthique mais qu’il ne faut pas non plus négliger l’aspect social. Le consommateur doit donc rester vigilant et distinguer les démarches les plus intégratives des autres.
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Tudo Bom n’est pas BIO mais en conversion vers le BIO!
Pour info j’ai acheté un tee shirt manches longues bleu qui avait une forte odeur de pétrole à la sortie de son emballage. Et cette odeur persiste après une dizaine de lavage!
On est en droit de se poser des questions sur le coté ETYHIQUE!
ça donne envie d’esssayer la mode éthique maintenant que cette mode éthique n’est plus une mode … chiante (passez moi le mot) : j’ai l’impression que la création éthique est sur la bonne pente. bravo