Suite de l’article « Massacre en mer : la france n’a plus de poissons (1)…«
L’échec de la Politique commune de la pêche
Pourtant, de l’aveu même des fonctionnaires européens, la PCP est un échec. La défaillance de la PCP est d’abord écologique, puis économique.
Le double échec de la pêche
Ce n’est pas la mer qui se vide ; c’est l’homme qui vide la mer : 88 % des stocks communautaires sont exploités au-delà de la PME (Production Maximale Autorisée), et 30 % le sont même en dehors de limites biologiques de sécurité.
Du coup, le secteur de la pêche sape ses propres fondements économiques. L’augmentation du prix du carburant et la diminution des prises due à la baisse des stocks (ou aux restrictions Européennes…) amènent parfois les marins (qui participent aux frais engagés) à se retrouver avec des paies négatives !
Surpêche, subventions, laxisme et dérogations
En un sens, l’Union Européenne est en partie responsable de cette situation. Ainsi, jusqu’en 2006, elle a versé plus d’aides à la modernisation de la flotte que de primes à la casse !
29 % des 4,9 milliards d’euros versés entre 2000 et 2006 ont été utilisés pour la rénovation des navires, alors que 17 % seulement ont servi à réduire les capacités de pêche. En conséquence, la flotte a diminué de 2 % seulement par an depuis 2000, quand le progrès technique fait gagner environ 2 à 3 % de productivité aux navires chaque année…
Les États ont eux aussi été irresponsables. Depuis 2006, l’Union Européenne n’impose plus de mesures de réduction de la flotte mais se contente d’indiquer les quotas dont dispose chaque membre de la Communauté, qui est alors le seul à décider quelle politique nationale appliquer.
Pourtant, les États n’ont pas hésité à réclamer des dérogations régionales en tout genre. De plus, dans un rapport publié en 2007 (le rapport spécial 7/2007), l’UE dénonçait le manque de rigueur et de régularité des contrôles effectués par les agences nationales, ainsi que la légèreté des sanctions délivrées.
La nécessaire réforme de la pêcherie
L’Europe et les pêcheurs en première ligne
Que faire pour sortir nos pêcheurs de ce marasme tout en préservant nos réserves ? Il n’existe évidemment pas de solutions miracles. Dans son petit livre vert, la Commission Européenne nous décrit pour 2020 un avenir idyllique pour les pêcheurs, les consommateurs et les poissons. Pourtant, les mesures à prendre pour en arriver là sont moins féériques :
- Réduire la surcapacité des flottes, notamment grâce à l’application des mécanismes de marchés (comme cela se fait déjà pour les émissions de CO2)
- Donner les capacités de décision à un organisme qui a une vision à long terme. La Commission pourrait acquérir plus de pouvoir, sous le contrôle du Parlement et la surveillance des États.
- Responsabiliser les pêcheurs, en leur donnant des objectifs à atteindre et en leur laissant décider de quelle manière le faire.
Aux poissons, citoyens !
Le consommateur, heureusement, n’est pas totalement passif. S’il devient difficile d’acheter du poisson français – 84,6 % des produits de la mer vendus sont importés (alors que la France est le quatrième producteur Européen, mais aussi un gros exportateur), il est toujours possible d’acheter Européen.
Deux exemples de poissons menacés
D’aucuns seraient satisfaits d’un tel achat ; pourtant le consommateur écolo saura aussi ne pas choisir une des espèces de poisson menacée d’extinction dans les eaux communautaires. Quand on sait qu’une espèce sur trois est condamnée à disparaître, on comprend la difficulté de la tâche : le thon rouge, la sole, le cabillaud ou la dorade rose sont des exemples d’espèces menacées.
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Et aussi, à propos de la pêche et des poissons :
- La liste des poissons menacés
- Encyclo : la pêche dans le monde
- Comment bien acheter son poisson
- Certains pêcheurs trichent