Le Protocole de Kyoto impose depuis 1997 aux 37 pays industrialisés qui l’ont ratifié et à l’Union européenne de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement : CO2 (dioxyde de carbone), méthane, protoxyde d’azote et trois gaz fluorés (HFC, PFC, SF6).
Cette première étape d’engagement expirant fin 2012, la communauté internationale s’est engagée à conclure en décembre à Copenhague un nouvel accord mondial contre le réchauffement, qu’elle a commencé à négocier à Bonn en Allemagne.
C’est dans cette ville que près de 2.000 délégués de 180 pays se sont réunis, du 29 mars au 8 avril 2009, sur le thème du climat, autour d’une conférence de l’ONU.
Pendant dix jours, les participants ont donc réfléchi au nouvel accord qui devra succéder au Protocole de Kyoto de 1997. Parmi les points complexes, les partenaires se sont confrontés à une problématique de taille :
Quelles sont les mesures à adopter pour réduire les émissions de CO2 tout en assurant l’aide aux pays en développement ?
Les pays industrialisés devront communiquer sur leurs quotas de réduction de gaz à effet de serre, et ceci jusqu’en 2020. Cette réduction est à déterminer sur le long terme, c’est-à-dire jusqu’en 2050.
L’implication des pays en développement
Toutefois, un nouvel objectif apparaît avec le nouveau protocole : faire en sorte que les pays en développement contribuent également à la modération de leurs émissions à effet de serre.
Alexander Mueller, sous-directeur général de la FAO, a indiqué que "Les terres agricoles sont en mesure de stocker et de piéger le carbone. Les agriculteurs qui vivent de la terre, en particulier dans les pays pauvres, devraient donc intervenir dans la fixation du carbone pour atténuer l’impact du changement climatique".
Pour la FAO, l’agriculture contribue aux émissions de gaz à effet de serre à 14 % et même plus car dans le cas de la déforestation, les émissions s’élèvent jusqu’à 17 %. Ainsi, si les paysans et leur famille doivent être victimes du changement climatique, ils doivent s’engager dans ce processus d’enrayement.
Le point sur les gaz concernés
Concernant les substances responsables du réchauffement, les nouveaux gaz concernés ont été généralement développés depuis l’adoption du Protocole en 1997, certains ont même remplacé les bannis : nouveaux HFC (hexafluorures de carbone) ou PFC (perfluorures de carbone), polyéthers perfluorés, chlorure de méthyle…
Au total, treize catégories de gaz se retrouvent dans le viseur sur recommandation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), l’expertise scientifique la plus étendue sur le sujet, couronnée par le Prix Nobel de la Paix en 2007.
"Il ne s’agit pas de grandes quantités, ils représentent moins d’1 % des gaz à effet de serre, mais sont en forte croissance. Ce qui justifie de prendre un certain nombre de mesures de prévention pour garder le contrôle", a indiqué le délégué de la Suisse, José Romero.
- selon une étude de l’Université de Californie parue en 2008, la production mondiale de NF3 pourrait atteindre 8.000 tonnes en 2010. L’équivalent de 130 millions de tonnes de CO2.
Selon Brice Lalonde, ambassadeur de France pour le climat : "L’industrie chimique doit se tourner vers des substituts ou récupérer les gaz en cause : c’est plus facile pour eux que pour le CO2, qui est lié à de grosses infrastructures".
Pour Steve Sawyer, ex-expert de Greenpeace, devenu patron du Global Wind Energy Council, l’important est de diffuser un "message politique à l’industrie chimique : cessez de les produire".
"Il s’agit de composants très stables, à durée de vie très longue et au pouvoir réchauffant des milliers, voire des dizaines de milliers de fois supérieur à celui du CO2. Sans régulations, employés à grande échelle, ils pourraient rapidement devenir un énorme problème".
Les Etats-unis sont producteurs de la plupart de ces gaz, la Chine en est souvent le plus grand consommateur…
Les Etats-Unis et le nouveau protocole…
L’administration d’Obama se révèle ouverte au dialogue sur le changement climatique. Un représentant des Etats-Unis assiste aux discussions de la conférence de Bonn, et, dès le début de la conférence, le court discours de Todd Stern, envoyé spécial des Etats-Unis, a été remarquée.
C’est la première prise de parole de l’administration Obama concernant le climat. Todd Stern assure le souhait de son pays de revenir à la table des négociations.
Karine Gavand, responsable de campagne à Greenpeace France climat, a commenté ce propos : "L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre que se fixeront les Etats-Unis est fondamental. Il va influencer la date et le niveau du pic des émissions, à la fois par l’effet direct des émissions américaines, mais aussi par l’effet indirect des engagements d’Obama sur ceux des autres pays".
Elle a ajouté : "Greenpeace a fait les calculs : nous savons que les Etats-Unis sont capables d’atteindre des objectifs plus ambitieux et plus rapides de réduction de leurs émissions".
Greenpeace avait déjà publié le 11 mars dernier une estimation, montrant que les Etats–Unis pouvaient diminuer leurs émissions de 12,5 % d’ici à 2020 et seulement en s’occupant des énergies fossiles...
Actuellement Barack Obama se dit favorable à la réduction des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis, d’ici à 2020, de 15 % par rapport à aujourd’hui, et ceci dans le cadre du futur protocole international en remplacement de Kyoto.
Lire également
- Tout sur l’Environnement
- Réchauffement climatique. La neige en Août c’est pour quand ?
- Climat. Appel lancé au Parlement européen
- Climat : les Etats insulaires en alerte.
- Climat et santé : le baromètre fait le calcul
Article rédigé par Elwina, avril 2009