Tout a commencé il y a quelques années avec les chats. Les Japonais ne pouvant s’offrir le luxe de posséder un animal de compagnie, venaient les caresser dans des espaces dédiés où s’ébattent félins de toutes races : les fameux « neko cafés ». Ces cafés animaliers permettent d’associer le plaisir de partager une tasse de café en solo ou entre amis, tout en prenant soin d’animaux de compagnie mis à disposition sur place. Une manière pour certains d’échapper aux rythmes infernaux, au manque de contact humain ou aux politiques strictes contre les animaux domestiques dans leurs appartements exigus.
Le phénomène nippon est vite devenu tendance et de nombreux établissements inspirés de cette idée ont vu le jour à travers le globe, dont en France.
Après le bar à chats, le concept s’élargit aux Nouveaux Animaux de Compagnie, beaucoup plus sauvages
Mais aujourd’hui, le Japon pousse le bouchon encore plus loin, et on trouve dans les grandes villes, des bars à thèmes animaliers de plus en plus déjantés dont on espère bien qu’ils ne deviendront pas une mode. En effet, certains établissements ont remplacé les chats par des animaux plus inattendus, ceux qu’on appelle les NAC ou Nouveaux Animaux de Compagnie.
On assiste ainsi à une émergence des bars à serpents, à chouettes, à hérissons ou à iguanes. Une façon de diversifier le créneau, afin de répondre aux attentes des clients pour une plus grande (bio)diversité dans les sensations.
Bar à chats ou autre, comment ça fonctionne ?
Afin d’entrer et de pouvoir admirer plusieurs espèces de chats, de perroquets et oiseaux tropicaux, de reptiles et tortues ou d’autres animaux selon le thème de l’établissement, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée sans consommation (en général environ 10 euros par demi-heure). Ensuite si l’on veut s’approcher ou caresser un animal (tous ne sont pas accessibles au contact), tout en sirotant sa boisson préférée ou en mangeant sur le pouce, il faut parfois payer un supplément. Souvent en partant, chaque client se voit gratifier d’un petit souvenir, comme un bracelet en simili peau de serpent ou le poisson rouge qui lui a fait de l’oeil durant ce séjour dans l’établissement…
Évidemment, les bars à chats et autres cafés animaliers sont régis par des règles sanitaires strictes et, sous la pression d’associations de défense des animaux, de nouvelles législations ont été mises en place : limitation de la durée de contact, maximum de présence en café de douze heures, interdiction des photos avec flash, pauses récurrentes, contrôles vétérinaires réguliers et nombreuses consignes de sécurité…
Pourtant en avril dernier, le comité des droits des animaux dépendant du Ministère de l’environnement japonais a annoncé que les chats pourraient dorénavant être présents avec le public jusqu’à 22h, contre 20h auparavant à l’instar de tous les autres animaux « travaillant » dans les établissements à thème animalier : les propriétaires peuvent ainsi étendre leurs horaires d’ouverture afin de toucher une clientèle plus large.
En effet, en journée, outre les étudiant(e)s, cette mode kawaii (mignonne) séduit principalement les visiteurs étrangers (souvent asiatiques), alors qu’en soirée ce sont les employé(e)s de bureaux qui fréquentent ce genre d’endroits pour se relaxer et décompresser auprès des félins.
Le problème des Nouveaux Animaux de Compagnie dans les cafés
Les chats sont suffisamment habitués à l’Homme et savent facilement préserver leur indépendance : vivre dans un endroit douillet et être au centre de l’attention lorsqu’ils n’ont pas envie de dormir ou de manger, même s’il s’agit d’un café, ne va pas à l’encontre de leur bien-être. Ce n’est sûrement pas le cas des autres animaux, que ce soit le furet, l’araignée, le cochon ou le caméléon pour ne citer que quelques uns des Nouveaux Animaux de Compagnie. De plus, si les animaux constituent des parfaits appâts pour les clients, il n’en demeure pas moins qu’ils ne doivent pas être relégués au rang d’objet, et subir les pressions du commerce.
Au japon, il existe une véritable ménagerie de cafés et restaurants inspirés d’animaux (des reptiles aux oiseaux, en passant par les chèvres et même les pingouins…). Un engouement soudain pour les NAC qui, si le concept faisait tache d’encre à travers le monde, pourrait inciter le braconnage et menacer la survie de certaines espèces.
Donc si vous êtes de passage à Tokyo, vous savez ce qu’il vaut mieux éviter de faire !