Une nouvelle frontière vient d’être franchie dans le braconnage : pour trouver leur proie, ces tueurs piratent désormais les balises GPS que les chercheurs placent sur les animaux pour étudier leurs mouvements. Une technologie qui devait servir la recherche et le bien-être des animaux et qui s’en trouve détournée, pour aujourd’hui les menacer encore plus !
Le GPS, pour le meilleur comme pour le pire
Le balisage des animaux est une pratique qui date du début du XXe siècle. Après la pose de bagues sur les oiseaux au début du siècle, les scientifiques se sont tournés vers les transmetteurs radio dans les années 1950, avant de passer au système de suivi par satellite Argos dans les années 1970. Aujourd’hui, c’est un autre système de suivi qu’utilisent les chercheurs : le GPS.
Le GPS, tout le monde l’a dans son smartphone. Il nous facilite beaucoup la vie en nous aidant à nous retrouver dans une ville inconnue, en nous permettant d’appeler un taxi ou encore en nous rassurant lorsque nos enfants, rentrant seuls de l’école, utilisent leur smartphone pour partager avec nous leur localisation.
Mais au-delà de ces usages pratiques, s’en cache un plus obscur. Les balises GPS que les chercheurs placent sur les animaux ne sont pas des smartphones sophistiqués, il est donc assez facile de les pirater pour recevoir de manière indue ces données. Une faille que les braconniers exploitent à volonté, en mettant en danger la vie des animaux.
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Le cyber-braconnage, un problème qui ne sera pas résolu du jour au lendemain
Le phénomène est encore trop peu connu et réservé au milieu des chercheurs. Mais il commence à dépasser le champ des échanges entre spécialistes avec la publication d’un article sur le sujet dans la revue Conservation Biology. Son auteur : Steven Cooke, biologiste à l’université Carleton d’Ottawa et grand connaisseur des problématiques de suivi des animaux. Dans son article, le chercheur dénonce le piratage réussi de ces balises GPS en Inde, où des braconniers se sont empressés d’en profiter afin de tuer des tigres du Bengale, une espèce rare que la communauté scientifique peine déjà à protéger.
Le problème s’aggrave d’autant plus que l’ouverture des données est le propre de la science moderne. D’autre part, aux États-Unis, l’État exige que ces données GPS lui soient communiquées lorsque le programme de recherche est financé par des fonds publics. Le piratage des balises GPS est un problème très récent, mais qui a des conséquences dramatiques. La communauté scientifique mettra sans doute des années avant de le résoudre.
Illustration bannière : Tigre du Bengale – © GUDKOV ANDREY Shutterstock
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