Décongestionner les routes en donnant un coup de pouce financier à ceux qui y contribuent directement, telle est l’idée derrière le « péage positif ».
Les Pays-Bas, véritable laboratoire en termes de réduction du trafic routier
Intéressés, les spécialistes français de la mobilité regardent de près les résultats des expérimentations à Rotterdam, où ce système est sur pied depuis 2008. Verdict : le nombre de véhicules sur les routes est passé de 1.390.000 à 1.160.000 par jour, soit une diminution du trafic de 17 %.
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Ce dispositif incitatif paraît être plus efficace que tout autre moyen de décongestionner les routes, comme celui d’une taxe associée à l’usage du véhicule, procédé existant depuis très longtemps pour les cigarettes par exemple. Selon le rapport annuel de l’Institut néerlandais de la politique de mobilité, la hausse des prix des carburants n’a qu’un impact très limité : un surcoût de 10 % ne diminue le trafic que de 3 %. Conclusion : le renchérissement du coût associé à l’usage du véhicule n’est pas un moyen efficace pour lutter contre la congestion des routes : afin de porter ses fruits, la hausse aurait dû être très significative.
La création d’une rangée réservée au covoiturage (voitures avec trois passagers ou plus), elle aussi expérimentée aux Pays-Bas, ne paraît pas non plus être la solution : les parkings dédiés au covoiturage étaient forcément difficiles d’accès pour les piétons, et le projet était discriminant envers les conducteurs seuls, selon le gouvernement : il a donc du être abandonné. En revanche, le « péage positif » continue de vivre et de porter ses fruits.
Péage positif : les conditions du succès
Le problème de la congestion des routes a deux facettes : d’une part, il est induit par la croissance économique, d’autre part le trafic routier est nécessaire à la croissance économique (transport de marchandises pour être vendues, transport de la main d’oeuvre allant travailler…). Solution certes innovante, le « péage positif » ne peut marcher que lorsque deux conditions sont réunies : les transports en commun doivent être très développés et efficaces, et l’opinion doit être préparée pour l’abandon, du moins partiel, du véhicule personnel.
En Ile-de-France, la Société du Grand Paris entend tester le concept. En avril 2017, une expérimentation sera lancée dans la ville de Boulogne-Billancourt, dans le nouveau quartier de Trapèze. Toutefois, le développement de ce système en France est rendu compliqué par une législation contraignante en matière de données personnelles. Aux Pays-Bas, les autorités identifient les automobilistes ayant laissé leur voiture au parking grâce à un boîtier GPS installé dans le véhicule, ainsi que grâce à des caméras capables de lire les plaques d’immatriculation des voitures circulant dans la zone protégée. Un projet qui n’est pas réalisable en France : les autorités devront donc faire preuve d’ingéniosité pour trouver une autre solution.
Illustration bannière : Périphérique parisien – © Public domain via Wikimedia
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