Le message de l’association Max Havelaar à l’occasion de l’édition 2017 de la Quinzaine du Commerce équitable : « le commerce équitable est l’affaire de tous !« . Si chaque Français mange en moyenne 7 kg de chocolat par an, seulement 22 g viennent par exemple de la filière équitable. Ce que souligne notre rencontre avec Karim Traoré, producteur de coton équitable et bio au Burkina Faso.
Pourtant, à l’occasion de cette 17e édition de la Quinzaine du Commerce équitable, un sondage OpinionWay pour Max Havelaar révèle que 77 % des Français aimeraient être assurés que les aliments et boissons qu’ils consomment ne sont pas produits dans des conditions d’exploitation. Encore plus (79 %) voient dans l’achat équitable un geste citoyen… Mais seulement 35 % se demandent au moment de l’achat « qui les produit ».
Le label Max Havelaar, la garantie de l’équité
Le label international Fairtrade / Max Havelaar repose sur des critères économiques, organisationnels, sociaux et environnementaux :
- Produits achetés à un producteur à un prix minimum garanti stable qui couvre les coûts de production durable, quel que soit le cours du marché.
- Respect des droits fondamentaux du travail, normes sanitaires et de sécurité strictes, non-discrimination, liberté d’association, travail des enfants interdit…
- Recours aux OGM et à diverses substances chimiques interdit, gestion durable des ressources, intrants naturels privilégiés, production biologique encouragée par une prime supplémentaire…
- Prime de développement versée aux producteurs et travailleurs pour être réinvestie dans le développement de leurs activités ou dans des projets sociaux qui bénéficient à toute la communauté.
- Les acheteurs s’engagent dans une relation durable avec les producteurs et doivent proposer le préfinancement des commandes.
- Critères contrôlés annuellement par FLOCERT, organisme de certification indépendant.
consoGlobe.com – En quoi la certification et le circuit équitable vous ont-ils aidé ?
Karim Traoré – La première des choses, c’est que cela nous a apporté un prix minimum garanti. Lorsque nous n’étions pas certifiés équitable, nous produisions sans connaître le prix et étions tributaires de la volatilité du marché mondial. La certification vient donner un prix minimum au producteur. Deuxième chose, la certification équitable nous permet d’avoir d’autres primes et l’équité entre les acteurs et les différents maillons.
Après la production, vous avez toujours de l’argent qui vous revient car tous les maillons sont répartis équitablement. Cette prime est un des gros avantages qui nous permet d’utiliser cet argent dans les infrastructures.
consoGlobe.com – Quels sont les bénéfices concrets pour vous des exigences de la production équitable ?
Karim Traoré – Les décisions sont prises démocratiquement au niveau de l’organisation. Si vous êtes certifié équitable, il faut que les rencontres soit périodiquement bien établies, il faut que la gouvernance soit bien gérée, il faut que toutes les décisions soient prises de façon démocratique et non pas imposées. Dans toutes les activités à réaliser, je dois être en démocratie. L’organisation nous a permis d’avancer et d’être plus performants.
consoGlobe.com – Vous sentez-vous aujourd’hui plus proches de vos consommateurs finaux ?
Karim Traoré – Cette certification nous rend de fait plus proches, car le consommateur final qui consomme le produit sait que son argent est réparti jusqu’au producteur. Il y a un lien entre le consommateur et le producteur de la matière première.
consoGlobe.com – Qu’est-ce que vous attendez des consommateurs qui pourrait vous aider ?
Karim Traoré – Ce serait qu’ils soient plus nombreux. Nous aimerions avoir des contrats à plus long terme, avec les vendeurs, les commerçants, les opérateurs économiques et les transformateurs de façon à améliorer la rentabilité de la productivité de la matière première. Les contrats sont actuellement de trois ans et nous aimerions passer à des contrats de cinq, voire dix ans.
consoGlobe.com – Le label équitable implique une limitation du recours aux pesticides et l’interdiction du recours aux OGM. Vous qui étiez en bio avant d’être aussi « équitable », comment évaluez-vous l’impact environnemental du coton équitable ?
Karim Traoré – Le biologique a un aspect positif sur l’environnement, car cela nous amène à ne pas polluer les eaux, les cours d’eau, la nappe phréatique, à protéger la faune, les animaux sauvages, y compris les oiseaux grâce à l’agro-écologie. Ceci est un premier point. De deux, au-delà de l’environnement, nos familles sont épargnées par les insecticides et les pesticides, ce qui préserve notre santé et celle de nos enfants. Cela fait depuis 2006 que je travaille en bio.
consoGlobe.com – Quel impact sur les travailleurs ?
Karim Traoré – Certaines personnes sont mortes à cause des pesticides. Certains autres ont consommé la viande d’animaux ayant eux même consommé ces produits et qui sont tombés malades. D’autres encore ont perdu toutes leurs volailles qui avaient consommé des insectes dans les champs. Aujourd’hui, lorsque vous faites des analyses par rapport à ceux qui font du coton équitable et biologique et ceux qui font du conventionnel, les premiers sont en bien meilleure santé.
consoGlobe.com – Avez-vous des chiffres sur l’impact sur votre production ?
Karim Traoré – Le biologique n’utilise aucun produit chimique. En revanche, dans le conventionnel, on utilise environ 10 litres d’insecticides, et 5 litres d’herbicide par hectare et par an. Donc 15 litres de pesticides tous confondus, et 200 kilos d’engrais chimiques. Nous faisons des économies car nous n’avons plus besoin d’aller à la banque pour prendre des crédits.
consoGlobe.com – Est-ce que vous essayez de convaincre d’autres producteurs de passer au même régime que vous ? Est-ce difficile de convaincre des producteurs de passer au coton équitable ? Quels obstacles à la diffusion du coton équitable ? De quoi avez-vous besoin ?
Karim Traoré – Nous n’avons pas besoin de convaincre car les résultats sont visibles. Les producteurs ont besoin de pratique et non pas de théorie. Lorsqu’un résultat est visible, c’est l’adhésion totale.
Si toute la population mondiale décidait de consommer uniquement du bio et de l’équitable, les gens se convertiraient en masse. Pour le moment le seul problème, c’est que la demande est moindre. C’est le consommateur qui doit changer.
Le Fairtarde/Max Havelaar en quelques chiffres
Plus de 3.400 produits vendus en France labellisés Fairtrade/Max Havelaar, par 219 entreprises, dont 75 % en bio.
Le consommateur français dépense en moyenne seulement 7,98 euros pour les produits labellisés Fairtrade/Max Havelaar par an.
Les roses équitables ont le vent en poupe : 22,7 millions de tiges vendues en 2016, avec notamment l’engagement d’Aquarelle.com et de Système U.