Pendant deux ans, partout dans le monde, Greenpeace s’est activé à montrer au grand public les mauvaises pratiques de Thai Union, géant des produits de la mer en conserves, et de ses filiales, qui dans une recherche constante de profits, en plus de détruire les écosystèmes, exploitent les pêcheurs. La mobilisation porte ses fruits puisque le groupe s’est engagé à prendre des mesures qui vont dans le bon sens.
Thai Union produit une boite de thon sur cinq vendues dans le monde
Petit Navire, John West, Chicken of the Sea, Mareblu, Sealect… Autant de marques filiales du géant des conserves de poisson et notamment de thon, qui sont depuis plusieurs années dans le collimateur de Greenpeace. En effet, étant donné le volume de sa production (une boite sur cinq vendues dans le monde provient du groupe), « Thai Union fait partie des quelques multinationales qui façonnent les écosystèmes marins tant son empreinte est forte« .
La campagne de Greenpeace et la mobilisation citoyenne contre les dérives de l’industrie du thon et de Thai Union
En 2015, en France, Greenpeace a commencé à s’adresser aux plus grandes marques de conserves de thon en établissant un classement en fonction des méthodes de pêche, des espèces ciblées et de la qualité de la politique d’approvisionnement. Petit Navire, la marque française du groupe Thai Union mais aussi leader du thon en boite dans l’Hexagone, fait partie des plus mauvais élèves : plus de 140.000 citoyens se mobilisent alors pour demander à la société d’adopter des méthodes de pêche durables. Et, de nombreux citoyens d’autres pays en ont fait de même.
Des changements en mer et dans les boîtes de thon
Grâce à la pression croissante de la société civile, Thai Union a annoncé vouloir mettre en place dès à présent des changements significatifs au niveau mondial en :
- réduisant significativement l’utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP),
- protégeant le personnel naviguant sur les bateaux de fournisseurs,
- oeuvrant au développement d’une pêche durable.
C’est un signal fort à toute l’industrie de la pêche, qui doit faire mieux pour la protection des océans et des travailleurs de la mer.
Rappel
Les dispositifs de concentration de poissons (DCP) sont des systèmes flottants, naturels ou artificiels, ancrés ou dérivants, qui permettent de concentrer les poissons de surface en certains points des océans pour améliorer la pêche ou l’observation de l’écosystème. Problème des DCP : les prises annexes d’espèces parfois protégées (tortues, cétacés…).
D’ici 2020, Thai Union veut diminuer de moitié le recours aux DCP dans sa chaîne d’approvisionnement, et mettre un place un système de traçabilité afin que les consommateurs sachent où et comment le poisson a été collecté.
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Parallèlement, Thai Union s’engage à étendre au niveau mondial le moratoire concernant le transbordement en mer, cette pratique qui consiste à décharger la cargaison d’un bateau sur un cargo réfrigéré, afin que le navire de pêche n’ait pas à retourner au port. Les nombreuses dérives liées à cette pratique ayant pu conduire à de graves violations des droits humains, Thai Union n’y aura désormais plus recours, « à moins que les fournisseurs ne remplissent des conditions très strictes permettant d’éviter de telles dérives, à savoir la présence d’observateurs sur l’intégralité des bateaux concernés« .
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Thai Union n’est pas le seul acteur de la filière thon.
Tous les autres acteurs de la filière, et pas seulement Thai Union, doivent reconnaître que la situation est devenue intenable, et que pêcheurs, négociants, et industriels doivent coopérer pour soutenir des pratiques de pêche environnementalement et socialement responsables.
La décision de Thai Union représente une belle victoire des citoyens et de l’ONG militante, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour transformer l’industrie de la pêche, et notamment de la première pêcherie mondiale, l’industrie du thon, et protéger durablement les océans.
Et gardons en tête que oui, « le thon c’est bon », mais à consommer avec la plus grande modération.
Illustration bannière : Pêche au thon en Méditerranée – © zaferkizilkaya / Shutterstock
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Quand la mer sera vider de ses réserves halieutique se seront les pècheur qui paieront plein pôt. D’ailleur les revendeur ce frote les mains, à la négoce plus c’est rare, plus c’est cher, sauf pour le pêcheur.