Souvenez-vous, samedi 12 décembre, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, face à ses homologues de 195 nations du monde entier, faisait retomber son marteau de président de séance pour acter un accord historique pour la lutte contre les changements climatiques. Les organisations environnementales étaient promptes à saluer les engagements, mais à souligner que tout restait à faire.
Un rapport de la célèbre agence de notation Standard & Poor’s (S&P) suggère que le mouvement initié par Paris commence à montrer des signes tangibles d’engagement pour la finance verte, avec quelque 16.500 milliards de dollars (15.000 milliards d’euros) d’investissements prévus dans les renouvelables, les énergies propres et la finance verte dans les prochaines années.
Un « tournant dans le marché » pour la finance verte
Le rapport, présenté la semaine passée, prédit que « le marché va décoller » puisque les investisseurs dans le domaine de la finance verte répondent à deux injonctions : les engagements des États se traduisant par des politiques favorisant les politiques climatiques, et la baisse rapide du prix des énergies propres. Pour les observateurs du secteur privé, Paris aura ainsi marqué un tournant décisif.
Voici quelques unes des conclusions frappantes de l’agence de notation :
Les fermetures de centrales au charbon se multiplient tandis que les investisseurs privilégient les investissements dans les renouvelables.
S&P estime qu’au cours des 15 prochaines années, les objectifs pour le climat de l’Inde et de la Chine combinés pourrait faire doubler la capacité mondiale en énergie solaire et éolienne.
L’agence prédit que la transition bas-carbone atteindra un point de bascule : avec la baisse du coût des renouvelables et leur arrivée massive sur le marché, la pression politique se retournera contre les énergies fossiles et pour les énergies propres.
Ensemble, ces changements pourraient radicalement changer la donne pour les investisseurs dans le secteur énergétique, estime S&P.
« De nombreux acteurs dans le secteur des produits pourraient être de plus en plus méfiants à l’égard des investissements dans les projets hauts en carbone et hauts en risques, car ce sont ceux qui présentent le risque le plus élevé d’êtres abandonnés si les politiques climatiques deviennent plus restrictives ou si la demande diminue », indique le rapport.
À condition que…
Tout cela se matérialisera, insiste S&P, si, et seulement si, les gouvernements du monde entier mettent en oeuvre les engagements qu’ils ont pris. Donc de mettre en mouvement les 16.500 milliards de dollars qu’ils représentent. Cela, rappelle S&P, nécessite de prendre des décisions courageuses, comme de mettre un prix sur le carbone, par des taxes ou des systèmes de mises aux enchères comme en Europe.
Le rapport de S&P sur la finance verte fait suite à celui d’une ONG britannique Influence Map, qui révélait que Paris avait marqué un tournant, plus de la moitié des grandes entreprises mondiales soutenant une action décidée contre le réchauffement climatique et montrant une attitude beaucoup plus pro-active sur le sujet.