Comme à l’accoutumée, jeudi 19 novembre à minuit, 3ème jeudi du mois, selon la loi en vigueur adoptée en 1985 sera servi sur les tables dans le monde entier le Beaujolais nouveau, et ce pour une dizaine de jours. C’est la seule grande manifestation médiatique internationale consacrée à un vin. Ses détracteurs snobent ce « petit vin ». Grand il ne sera effectivement jamais. Il ne recherche pas non plus l’image d’un vin de garde, mais d’un vin jeune, accessible à toutes les bourses, facile à boire avec presque toutes les cuisines, et pour tous les goûts. Qu’on l’apprécie ou non, ce rendez-vous annuel est devenu synonyme de convivialité, de vin facile à boire, auprès d’un public croissant dans de multiples pays. A quoi va ressembler ce crû 2015 ? Comment l’apprécier au mieux ?
Beaujolais nouveau 2015 : le goût du prochain millésime
Il semble que sur les premières cuvées du Beaujolais Nouveau 2015 de qualité soient trouvées des arômes de fruits mûrs (cassis, myrtille cerise, groseille) et de fleurs, violette notamment. Attendez-vous donc à un vin vif, généreux, gouleyant, tout en rondeurs, et bien équilibré. Les spécialistes ont prévu un « millésime exceptionnel », bien que sur le plan météorologique, une petite sècheresse de début d’année soit la cause de rendements moins importants, environ 20 % moindres par rapport à 2014.
Le Beaujolais nouveau 2015 : plus de savoir faire que vous ne pourriez penser
Associé à l’idée d’un vin facile, le savoir faire présidant à un bon Beaujolais nouveau est important. Tous les viticulteurs à l’oeuvre vous le diront : c’est compliqué de vinifier du Beaujolais nouveau. Cela nécessite une véritable passion pour ses vignobles, un savoir-faire lié à la connaissance du terroir, des sols, du climat, et beaucoup de précision dans la gestion du temps. Il faut savoir prendre rapidement des décisions capitales, sur le meilleur moment de vendanger les raisins entiers, arrivés à maturité, et tenter d’aboutir à un millésime couronné de succès. Ces choix stratégiques, tout se jouant a priori en trois mois, reposent sur le vigneron et ses équipes, et engagent sur cette courte période, toute une année de labeur.
C’est un vin presque entièrement élaboré sur un seul cépage de Gamay (98 à 100 %), de grappes entières de qualité, muries à point, vendangées à la main, et nécessitant peu de délai de macération. Il est dans ces conditions difficile de compter sur des assemblages pour favoriser d’éventuelles améliorations. Le talent du vigneron résidera dans l’interruption au bon moment des différentes étapes de la fermentation pour aboutir à une vinification qui exprimera toutes les saveurs de ce vin fruité, unique.
Ce raisin Gamay, appelé aussi « Gamay noir à jus blanc », est à distinguer des autres variétés de Gamay de Bouze, et de Chaudenay. Le cépage évolue entre Rhône et Saône et Loire, de Mâcon au Nord de la zone, à l’Arbresle au nord de Lyon pour la partie sud.
Plus généralement on dira de la robe du Beaujolais nouveau qu’elle est de couleur vive, rouge rubis, ou carmin parfois, peu enrichie en tannins, donc d’aspect limpide, se buvant facilement, au nez et au goût fruité, et un peu « acide », mais à consommer habituellement dans les six mois.
L’art d’apprécier le « Beaujolpif »
Avec modération, clairement. Entre amis sûrement. Et celui qu’on surnomme affectueusement « Beaujolpif », doit aussi être servi frais, entre 10° et 14°, pour l’apprécier au mieux de ses qualités.
On peut le consommer de nombreuses façons, mais toujours dans un esprit de légèreté festive : à l’apéro, avec des entrées de toutes sortes, sur des charcuteries bios de préférence, un pot au feu, du foie de veau, des volailles mijotées, des tripes, une entrecôte grillée, des huitres, un plateau de fruits de mer, du poisson cru, ainsi qu’avec certains fromages (camembert et chèvre), mais aussi les sushis au Japon.
Et si on passait cette année au « Biojolais nouveau » ?
Peut-être la quinzaine de domaines parmi les vignerons du Beaujolais qui proposent leur vin nouveau façon bio adhéreront à notre néologisme : vous identifierez le « biojolais nouveau » en tout cas en recherchant la certification Ecocert, le Label AB ou Demeter. Les vignes sont cultivées de manière traditionnelle, sans avoir été traitées aux insecticides et pesticides depuis de nombreuses années, et sans adjonction de levures ni de soufre.(1)