Depuis juin 2015, une boutique où tous les produits sont gratuits a ouvert ses portes dans le 12e arrondissement de Paris. Exit le porte-monnaie et l’achat impulsif, chez Siga Siga, le produit est acquis pour être (ré)utilisé et non plus seulement consommé.
Siga Siga, une boutique où tout est gratuit
Le lieu de cette ancienne gare parisienne est tout aussi atypique que le concept de la boutique qu’il renferme. À savoir un magasin où l’argent n’est pas roi, bien au contraire, puisque tous les produits qui s’y trouvent sont gratuits. Ne cherchez pas les étiquettes sur la vaisselle, les vêtements, les livres, les DVD, le linge de maison, il n’y en a pas.
La bien nommée boutique sans argent aussi appelée Siga Siga, qui signifie « doucement doucement » en grec, est gérée sous forme associative et a ouvert ses portes en juin dernier sur un modèle de boutiques berlinois. Le succès a été immédiat.
Depuis, ce sont environ 1 000 personnes qui s’y pressent chaque semaine pour offrir des objets dont elles n’ont plus l’usage ou s’en approprier. Les uns viennent y trouver une pièce unique, d’autres par nécessité faute de ressources suffisantes, d’autres encore viennent y donner.
Même si cette gratuité profite aux personnes en situation de précarité, l’idée première de ce concept est le réemploi des objets dans une logique environnementale. Pourquoi laisser prendre la poussière à des produits dont on ne se sert plus et qui ont pourtant demandé des ressources pour les produire et quand ils pourraient être utiles pour d’autres ? Du coup, la boutique, ouverte à tous quels que soient ses revenus, et sans qu’il ne soit nécessaire de s’inscrire ou de donner en échange de l’acquisition d’un objet, permet d’avoir un autre rapport aux produits et in fine de réfléchir à sa consommation.
Debora Fischkandl, la directrice de la boutique, l’assure, les visiteurs s’attardent avant d’emporter des produits. Ici pas d’impulsion d’achat. « Après dix minutes à se demander si on a vraiment besoin de ce pull, il arrive finalement qu’on le laisse sur le portant se disant que d’autres personnes en feront un meilleur usage », explique-t-elle.
Économie du don
Cette économie du don fonctionne selon un cercle vertueux. La générosité des uns engendre celle des autres. « Heureux d’avoir acquis un produit qui collait pile poil à un besoin, les heureux bénéficiaires ont envie de créer ce même petit bonheur à quelqu’un d’autre », souligne Debora Fischkandl. Sans compter que cette consommation sans argent crée un rapport différent avec les autres “clients » de la boutique. Des conversations spontanées naissent rapidement.
C’est d’ailleurs pour appuyer encore cet aspect social que Siga Siga compte mettre en place des ateliers d’initiation à des travaux manuels… à partir de matériaux récupérés. Des papiers pourront devenir d’harmonieux origamis, l’ajout de nouveaux boutons ou de dentelle donneront une nouvelle jeunesse à des vêtements etc. Là encore, il s’agira de don, celui de transmettre un hobbie et ses compétences, sans qu’aucune réciprocité ne ne soit demandée.
Fouillez dans vos placards, il y a forcément des tasses ou une chemise dont vous ne savez que faire. Un conseil : donnez-les !
Je trouve ça absolument génial…
Je me pose cependant une question « basique » rapport à la personne généreuse (et louable)qui a mis ce système en place : elle paye comment ses factures d’eau, d’électricité du magasin, le loyer, les impôts locaux de la boutique ? j’imagine que le sourire de reconnaissance de ceux et celles qui viennent là ne suffit pas…: alors ?????
je me pose la même question ? la rémunération des employés les factures ?