A raison de quatre heures par jour, l’artiste chinois Jianguo Xiongdi a passé 100 jours dans les rues de Beijing pour dénoncer des niveaux historiques de pollution atmosphérique en aspirant suffisamment de poussière d’air pollué… pour en fabriquer une brique.
L’air pollué que respirent quotidiennement les poumons des Pékinois
Grâce à un gros aspirateur de 1.000 watts de puissance, l’artiste Jianguo Xiongdi, aussi appelé Nut Brother, s’est baladé – équipé d’un masque de protection – dans les rues de Pékin pendant trois mois, collectant les poussières que les poumons des habitants de la mégalopole aspirent d’ordinaire.
Poussière, tu redeviendras poussière
En rendant son action publique, l’artiste de 34 ans a voulu dénoncer les conséquences d’une pollution record en Chine depuis quatre jours. Les autorités chinoises ont en effet décrété ces derniers jours l’alerte orange, le smog s’étendant sur le Nord de la Chine, recouvert d’un brouillard dense malgré la fermeture de milliers d’usines pour tenter de remédier à l’épisode de pollution le plus sévère de l’année.
Au final, l’artiste aura récupéré 100 grammes de poussières et a envoyé le tout à une usine de Tangshan à l’Est de Pékin. Les poussières ont été mixés avec de l’argile de poterie pour fabriquer une brique. Selon son projet artistique, Projet de poussières, cette brique va être utilisée dans un chantier pékinois parmi les matériaux de construction. « Un jour, toutes les ressources de la Terre s’épuiseront, nous serons aussi des poussières », a déclaré le jeune artiste.
Un signal d’alerte pour les autorités chinoises
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes chinois ont salué la performance de l’artiste. Certains ont même proposé d’acheter la brique, d’autres ont appelé les autorités à assumer leur responsabilité. « Nous devons retransmettre ce message, faisons pression sur le gouvernement », a commenté un internaute en souhaitant que Pékin trouve une solution à la pollution permanente de la capitale chinoise.
Rappelons qu’en Chine, la pollution de l’air reste une sujet de préoccupation majeure, particulièrement pour la population. Les scientifiques ont d’ailleurs estimé que cette pollution ferait 4.000 morts chaque jour dans les prochaines années(1).
Certaines stations de mesure de la pollution de l’air enregistrent réguilèrement un niveau de concentration de particules fines PM2,5 de 500 microgrammes par mètre cube d’air en moyenne. En comparaison, la France considère qu’un épisode de pollution est fort lorsqu’il atteint 50 microgrammes(2).
De nombreuses équipes d’inspection ont été envoyées par les autorités chinoises dans les zones de la ville soumise à des mesures de réduction de la pollution.