Lorsque l’on évoque l’eau et ses enjeux, on pense d’emblée aux pays du Sud et aux millions d’individus qui en sont privés. 1 personne sur 2 dans le monde n’y a pas accès. Pourtant, en Europe aussi la gestion de l’eau se révèle être un point essentiel ; elle est source de défis accrus. Pollution, consommation excessive, sécheresses… un récent rapport éclaire d’un jour contrasté la situation européenne sur la question de l’eau.
La nécessaire préservation des écosystèmes
La préservation de l’eau est un enjeu majeur partout dans le monde. Le rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement (EEA, au Danemark) met en relief que si préserver cette ressource est vital pour la biodiversité, cela l’est autant pour assurer des fonctions tout aussi primordiales comme la filtration de l’eau, la rétention et la prévention des inondations.
Ces fonctions essentielles ne sont, d’après l’Agence, aucunement prises en compte dans les réflexions économiques et financières. Pourtant, l’eau fait bien partie intégrante de l’économie.
Ainsi en 2009, 33 400 millions de m3 ont été prélevés au total en France. Ce volume se répartissait de la manière suivante :
- 64 % pour la production d’électricité
- 17 % pour l’eau potable
- 10 % pour les besoins de l’industrie
- 9 % pour l’irrigation
- 18 % proviennent des eaux souterraines
- 82 % proviennent des eaux de surface
« L’eau est une ressource limitée, et nous ne pouvons laisser des quantités infinies de pollution endommager les ressources et les écosystèmes dont nous dépendons. », soulève Jacqueline McGlade, Directrice exécutive de l’EEA. Elle ajoute que les agriculteurs et les entreprises doivent travailler conjointement pour que les pressions que nous faisons subir aux écosystèmes n’atteignent pas un point de non retour.
L’eau en Europe, les points préoccupants
Le rapport de l’EAA met en relief 6 phénomènes préoccupants concernant la ressource eau en Europe.
Les écosystèmes européens sont sous pression
La DCE (Directive-cadre sur l’eau) a fixé un objectif pour 2015 selon lequel près de la moitié des eaux de surfaces (48 %) doivent être dans un « bon état écologique ». Pour atteindre cet objectif, il est urgent de prendre des mesures permettant de restaurer les écosystèmes en réduisant la pollution par les nutriments (nitrates et phosphates) qui entraînent une croissance excessive des algues et des plantes aquatiques, ce qui diminue la quantité d’oxygène dans l’eau. 63 % des lacs et des rivières en Europe sont concernés par ces problèmes de pollution.
La restauration hydromorphologique
La restauration physique des cours d’eau s’impose comme la nouvelle priorité pour leur bonne santé. Une rivière abîmée (installation de barrages, berge rectifiée, etc.) fait autant de torts à la vie aquatique que la pollution des eaux. Faune et flore ne peuvent plus se reproduire normalement, ni migrer comme nécessaire.
La pollution par les nitrates
Les activités agricoles posent des problèmes à long terme sur l’état des eaux de surface européennes. Au rythme actuel, les niveaux de nitrate resteront dangereusement élevés dans les prochaines décennies. Point positif : la pollution aux nitrates et aux phosphates réduit sensiblement grâce à un meilleur traitement de l’eau. Cela se traduit par une relativement bonne qualité des eaux de baignades. En 2011, 92 % des sites étaient conformes aux normes en Europe.
La pénurie d’eau
Les besoins humains dépassent les ressources en eau douce disponibles. La situation s’aggrave avec les phénomènes de sécheresse.
La sécheresse
La sécheresse est en augmentation dans toute l’Europe. Dans les années 1970, seuls 15 pays étaient régulièrement touchés par des épisodes de sécheresse. Dans les années 2000, 28 pays étaient concernés. Les changements climatiques ne vont qu’exacerber le problème.
Les inondations
Elles sont de plus en plus fréquentes, surtout en Europe du Nord. Sur les 325 inondations recensées depuis 1980, 200 ont eu lieu depuis 2000. Cela s’explique par le fait que l’on construit de plus en plus dans des zones inondables. Le réchauffement climatique va, encore une fois, amplifier le phénomène.
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