consoGlobe. com : en parlant d’ambition politique, comment accueillez vous l’élection d’un climatosceptique à la tête de la première puissance mondiale, deuxième plus gros pollueur ?
Lucile Dufour – C’est un signal qui n’est pas très positif. Mais il faut nuancer. Il semble que Trump en campagne n’est pas le même que Trump président, on l’a vu dans ses premières déclarations.
Maintenant, il a les cartes en mains. S’il veut protéger la population américaine et mettre son pays dans la voie d’un développement économique pérenne, il n’y a pas d’autres choix que de prendre en compte la question du climat. Il y a des signaux économiques extrêmement fort au niveau international dans le développement des énergies renouvelables. Si Trump ne veut pas que son pays soit à la traîne, il faudra de toute façon faire des choix qui vont dans la direction de la lutte contre le changement climatique.
Plus largement, si on prend la question de la lutte contre le changement climatique et l’Accord de Paris, ce dernier étant basé sur les engagements de 196 États, ce n’est pas parce qu’il y a un État qui risque d’être moins ambitieux, que les autres ne le seront pas.
L’action climatique continue partout ailleurs dans le monde. Au moment où Trump a été élu, le Royaume-Uni est en discussion pour l’adoption d’un plan de sortie du charbon d’ici à 2025. La Chine met en place un plan climat. Plein de pays se mettent à expliquer comment ils sortiront des énergies fossiles et polluantes. La dynamique se fera malgré Trump.
consoGlobe. com : de ce qu’il en a montré pendant la campagne, Donald Trump semble se moquer du changement climatique. Ça ne vous inquiète pas parce que la dynamique est enclenchée et qu’il devra suivre, ou plutôt parce que finalement ce n’était que des propos électoralistes ?
Lucile Dufour – Non seulement, il va vite se rendre compte que le charbon, les énergies fossiles et polluantes sont les énergies d’hier, et que les énergies renouvelables sont les plus rentables économiquement. Mais ensuite, comme je le disais, l’élection de Trump n’enlève rien au fait qu’au niveau international et national, il y a énormément de personnes engagées pour que la lutte des changements climatique s’accélère et continue. Il y acteurs qui vont le canaliser. Avec tous ces éléments, on peut continuer à aller de l’avant.
consoGlobe. com : comment ont réagi les participants aux négociations à l’annonce de l’élection de Donald Trump ?
Lucile Dufour – Les négociations continuent. Il y a eu des réactions très pragmatiques de tout un chacun. Du côté des négociateurs et de la société civile : quoi qu’il arrive la lutte contre le changement climatique continue. On reste vigilants, mais l’action climatique doit continuer.
consoGlobe. com : les engagements pris lors la conférence de Paris seront donc respectés ?
Lucile Dufour – C’est un des enjeux de la COP22 : définir toutes les règles et détails de l’Accord de Paris. À Paris, on a tracé les grandes lignes, à long terme, au Maroc, les États vont régler les détails pour que l’accord soit robuste et transparent. Il va donc falloir mettre en place un suivi et des règles. Comment est-ce qu’on harmonise les engagements au sein des contributions des pays ? La COP22 règle donc les détails pour pouvoir suivre la mise en oeuvre et l’application de l’Accord de Paris.
consoGlobe. com : cela prend une bonne direction pour l’instant ?
Lucile Dufour – Même si cela ne fait que quelques jours, il y a une volonté très constructive de la part des États d’aller de l’avant. Bien sûr il y a eu le choc de l’élection de Trump la semaine dernière, mais toute les parties et tous les négociateurs continuent de faire leur travail de manière consciencieuse. On sait qu’il va y avoir plus de 80 chefs d’États et de gouvernements qui seront à Marrakech pour la partie la plus politique des négociations. Maintenant, on attend de voir quels vont être les résultats et le niveau d’implication. Le message principal est clair : la COP22 doit être le moment d’accélérer l’action.
Foutaise et cie argent dépensé pour rien et de la pollution en plus, pour des décisions qui ne seront pour la majeur partie jamais appliquées.