Guy Corneau : « Un coeur réjoui éloigne le médecin »
Dans son ouvrage « Revivre ! », Guy Corneau nous livre un récit plein d’humilité retraçant où il relate sa traversée du cancer qui l’a accablé. Il y partage avec ses lecteurs son expérience de la maladie, la force insoupçonnée de la joie qui l’a aidé à surmonter cette épreuve. Il y donne aussi des pistes pour découvrir le sens psychologique et spirituel de la maladie.
consoGlobe.com – Fort de votre expérience personnelle, et en tant que psychanalyste, quel lien feriez-vous entre le fait d’être en bonne santé et d’être – ou de ne pas être – connecté à ses émotions ?
G.Corneau – Dans le domaine psychosomatique, on pense maintenant qu’environ 85 % des atteintes physiques sont associées d’une façon ou d’une autre à des problématiques émotionnelles la plupart du temps inconscientes. En fait, lorsque nous n’arrivons pas à solutionner un problème affectif, celui-ci sombre peu à peu dans le corps pour libérer le blocage ressenti au niveau mental. C’est un réflexe naturel qui permet d’envisager de nouvelles solutions à partir d’un esprit moins contracté.
En effet, un stress qui dure trop longtemps provoque tellement de détresse qu’il finit par bloquer le flot d’énergie qui, normalement, s’écoule vers l’extérieur. Cependant si on ne prend pas la peine ou si on n’a pas les moyens psychologiques pour revenir sur la problématique en question, elle réapparaît sous la forme de maux physiques. Le corps agit alors comme émissaire de l’âme ou du soi profond, traduisant un déséquilibre de l’être entier. Par exemple, il n’est pas difficile de comprendre que des dévalorisations ou des humiliations que l’on n’a pas pu digérer psychologiquement parlant, deviennent peu à peu des problèmes digestifs. De même, on peut se faire des ulcères d’estomac avec des soucis réels ou avec des soucis imaginaires.
Ce qui est vrai pour un être humain n’est pas ce qui lui arrive, mais bien comment il réagit à ce qui lui arrive. Ainsi notre état affectif participe sans cesse et de façon centrale, à l’équilibre de nos mécanismes naturels d’autorégulation et d’auto-réparation. Il ne faut jamais oublier la formule venue de la sagesse populaire chinoise : un coeur réjoui éloigne le médecin.
consoGlobe.com – Suffit-il d’être connecté à ses émotions ou s’agit-il également de les exprimer ?
G.Corneau – Lorsqu’on anime un groupe réservé aux hommes, on se rend compte dès les premières minutes que la plupart des hommes sont connectés à leurs émotions. Ce qui a été interdit, c’est l’expression de celles-ci. Bien sûr, à ce niveau, il y a expression et expression. Il faut sans cesse se rappeler que l’émotion est un phénomène intérieur et qu’il s’adresse d’abord à soi.
Ce sont les conclusions de nos observations que l’on peut exprimer aux autres, non pas l’émotion brute sans modulation. La maîtrise de son monde intérieur, ainsi que l’expression spontanée de celui-ci, d’une façon qui est adaptée à notre environnement, demeure le signe d’une grande maturité intérieure.
consoGlobe.com – Quelles suggestions ou conseils donneriez-vous aux hommes qui ne parviennent pas à se connecter à leurs émotions, qui en sont conscients et qui en souffrent ?
G.Corneau – Suivre une thérapie, se joindre à un groupe d’entraide pour les hommes, participer à des ateliers de communication et lire le livre de Thomas d’Ansembourg « Cessez d’être gentil soyez vrai », sont les suggestions que je donnerais aux hommes qui sont en difficulté au chapitre de l’expression de leurs émotions.
Pour en savoir plus :
Consulter le site www.slog.fr/guycorneau
Lire… Tous les livres de Guy Corneau !