Comment la finance peut-elle contribuer à la lutte pour le climat ?
Il faut en finir avec le financement public des énergies fossiles
Une analyse publiée hier par l’ONG Oil Change International (cf. infographie ci-dessous) montre que dans 8 pays, les subventions aux énergies fossiles sont 40 fois plus élevées que les engagements pour le Fonds Vert. Ainsi, Australie, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et États-Unis ont offert 80 milliards de dollars pour soutenir la production d’énergies fossiles.
La présence de grands pollueurs à la COP21 sonne également comme un rappel à l’ordre pour ces pays. Les pays riches mobilisent aujourd’hui beaucoup plus de fonds pour subventionner les secteurs du charbon et du pétrole que pour aider les pays pauvres et vulnérables à s’adapter au changement climatique.
La finance privée au service du climat ?
Les pays développés s’abritent derrière le secteur privé et ne tiennent pas leurs promesses de financements pour les pays du Sud, en particulier les financements publics nécessaires pour permettre aux pays pauvres et vulnérables de s’adapter aux conséquences des dérèglements climatiques.
Si ce recours aux financements privés continue d’être une idée fixe, des millions de personnes vivant dans les pays les plus pauvres, les plus touchés et les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques risquent de se retrouver sans aucune aide face à un climat imprévisible et des évènements extrêmes de plus en plus graves et de plus en plus fréquents.
L’urgence d’une taxe élargie sur les transactions financières
Les changements climatiques creusent l’écart entre les riches et les pauvres et peuvent réduire à néant les efforts menés jusqu’à présent pour lutter contre la pauvreté. En 2050, on pourrait compter 200 millions de réfugiés climatiques par an si rien n’est fait. Il est donc urgent de donner aux pays les plus démunis et les plus touchés les moyens de s’adapter.
Une taxe ambitieuse sur les transactions financières est nécessaire pour générer les financements additionnels nécessaires à cette adaptation. La France doit convaincre ses homologues d’adopter un projet de TTF qui taxe l’ensemble des produits financiers, avec un taux de taxation suffisamment ambitieux et dont 50 % des recettes seraient ensuite reversés aux grandes urgences mondiales. Il est également essentiel que cette taxe soit élargie aux opérations financières dites “intra-day”, c’est à dire aux opérations de spéculation qui ont lieu dans la journée.
Et en France ?
La France continue d’encourager les subventions fossiles.
Lors d’une conférence de la COP21 dédiée aux subventions aux énergies fossiles, le ministre Michel Sapin aurait déclaré de “Même si la France a éliminé ses subventions directes aux énergies fossiles, il y a beaucoup d’argent dépensé dans le monde pour celles-ci, alors qu’il y a tant de besoin pour les énergies alternatives”.
Michel Sapin semble oublier le remboursement de taxe diesel aux transporteurs routiers alors qu’ils ont déjà saboté l’écotaxe, l’exonération totale de taxe pour le transport aérien, l’exonération de TICPE pour les raffineries, les subventions directes aux aéroports, les aides aux stations-service.
Ces cadeaux fiscaux sont pourtant loin d’être le meilleur moyen d’accompagner ces secteurs dans la transition énergétique et pèsent des milliards d’euros chaque année pour le budget français.
Pendant ce temps là, la taxe sur les transactions financières est débattue au Parlement français : le Sénat a supprimé l’article introduit par l’Assemblée Nationale visant à élargir le champ d’application de la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) à ces opérations intra-day. Dans le même temps, le Projet de loi Finances montre que l’Aide Publique au Développement est toujours en baisse.