L’internet abonde actuellement en articles sur le « faux bio » alimentaire chinois. En forte croissance, la demande de bio intéresse aussi les producteurs chinois. Les consommateurs sont prêts à payer plus pour des légumes bio, jusqu’à 5 à 10 fois plus pour de la viande biologique, ce genre de profit entraîne donc parfois des pratiques sans scrupule.
Le danger du bio ‘made in China’ est-il donc le résultat d’une rumeur déformée, comme Internet sait en produire, ou la fumée d’un feu bien réel ? Les informations sur les aliments en provenance de Chine sont en réalité plutôt effrayantes, le manque de respect de la réglementation concernant les aliments biologiques en provenance de Chine étant flagrant et l’héritage historique de pollution difficilement contournable.
Appétit de l’Europe pour la nourriture chinoise
L’Empire du Milieu est aujourd’hui le quatrième partenaire commercial de l’UE pour les produits agricoles et de la pêche. On importe plus de produits alimentaires de Chine qu’on n’en y exporte. 5 % de nos importations de produits alimentaires venaient de Chine en 2012, quelque 4 milliards d’euros.
Vu que les aliments en provenance de Chine sont souvent bien moins chers que ceux produits en Europe, les importations en provenance de Chine ont augmenté régulièrement ces dernières années.
Souci : certains pesticides et antibiotiques sont autorisés dans l’agriculture chinoise qui sont interdits dans les États membres de l’Union européenne, tels que pommes, fraises et poissons d’aquaculture, et se retrouvent donc dans les produits dérivés, type confitures.
L’Europe veille au grain (littéralement…)
Constatant ces dangers, l’Europe a instauré en 2010 une liste de produits importés de Chine à surveiller, tels que les oligoéléments entrant dans la composition des aliments pour humains et animaux. Le Royaume-Uni a interdit l’importation de certains produits laitiers et à base de lait de soja pour les nourrissons. Depuis début 2012, constatant l’utilisation de variétés non autorisées de riz génétiquement modifié, la Commission européenne a imposé des mesures d’urgence pour les interdire.
Néanmoins, en 2013, l’autorité européenne sur les aliments aura repéré pas moins de 435 fois des importations chinoises douteuses, les analyses révélant la présence d’ingrédients génétiquement modifiés, de pesticides et même de métaux lourds.
Aux Etats-Unis aussi, des expéditions de Chine sont souvent refusées en raison de la saleté, d’additifs dangereux, de résidus de médicaments vétérinaires et d’erreurs d’étiquetage. La lecture de ce qui constitue « la saleté » n’est d’ailleurs pas conseillée à ceux qui ont l’estomac sensible, type excréments d’oies et de porcs pour nourrir les élevages de tilapias, espèce de poissons peu coûteuse.
Des contaminations persistantes
La pollution en Chine reste tellement endémique que, malgré les interdictions récentes et de nouvelles normes locales, il est peu probable qu’elles apportent des améliorations significatives dans la qualité des aliments chinois à court terme.
Les produits chimiques agricoles interdits sont souvent encore utilisés et même quand ils ne sont pas, ils subsistent encore dans le sol et l’eau. De nombreuses fermes sont dans les régions industrielles où la pollution des sols, de l’eau et de l’air est concentrée, en particulier en cadmium et de plomb. Les dossiers d’hygiène frauduleux sont monnaie courante.
En termes de pollution, le professeur de droit Chenglin Liu rapporte que seulement 5 % des eaux usées des ménages et 17 % des eaux usées industrielles sont correctement traitées en Chine. Une étude du gouvernement chinois a révélé que 90 % des eaux souterraines chinoises sont polluées.
La Chine est par ailleurs le plus grand utilisateur mondial d’engrais chimiques et l’un des plus grands producteurs et utilisateurs de pesticides.
Le made in China « bio » : un vrai défi
Cet héritage, aggravé par des décennies d’utilisation massive de produits chimiques depuis que, dans les années 1960, les agriculteurs chinois ont été contraints d’utiliser de nouvelles techniques agricoles, d’engrais et de pesticides, a fortement diminué la qualité des sols. A tel point que l’économiste Fred Gales du département américain de l’agriculture affirme qu’il est « presque impossible de cultiver des aliments véritablement biologiques en Chine ».
La certification « bio » en Chine
La certification biologique en Chine est très diversement appliquée. Le « Centre chinois pour la certification bio » (COFCC) est censé être l’autorité compétente, mais certifie seulement environ 30 % des produits biologiques. Le reste est certifié par des tiers : entreprises privées, inspecteurs individuels et entreprises internationales.
Il n’y a pas d’accord entre la Chine et l’Europe sur ce qui constitue un aliment « bio ». Selon un rapport sur le sujet de l’USDA (le département de l’agriculture américain), les erreurs d’étiquetage sont communes. Certaines entreprises étiquettent leurs produits comme biologiques alors que seule une infime partie de leur production est cultivé organiquement.
Ajoutez-y une pincée de corruption et le doute est permis quant à la rigueur de la certification bio « made in China »…
Si on mange bio, il me semble logique de manger aussi local quand cela est possible. Bien entendu pour le café par exemple cela ne l’est pas mais pour la plupart des produits, on peut trouver des marchandises européennes (à tout le moins). Ainsi, j’ai trouvé chez « bio planet » des haricots secs français à +/- 3,25 € le paquet de 500 g alors que des haricots chinois étaient vendus 1 € moins cher. J’ai fait remarquer à la caisse qu’il était illogique de vendre des haricots secs venant de Chine quand on se prétend BIO car l’empreinte écologique de ces haricots devrait nous faire réfléchir. De plus, quand on connaît la façon dont la réglementation chinoise est appliquée, on peut avoir des doutes. Pour le café, je favorise le bio équitable. J’évite aussi les fruits et légumes produits en Espagne car il ne respectent pas nos valeurs sociales.
Bien entendu, cela a un coût mais on peut aussi faire des choix et acheter moins de viande ce qui réduit la facture d’autre part. Les personnes qui évoquent le coût sont souvent celles qui s’achètent des Smartphone à 600€ ou des vêtements de marque assez chers…
Je suis consciente toutefois que certaines personnes n’ont vraiment pas le choix. Dans certains cas, cependant, si on a un petit bout de jardin ou même un balcon, on peut produire quelques herbes aromatiques par exemple ou des petits fruits, etc.
Il faut donc un étiquetage rigoureux et réellement informatif. Que penser d’une huile d’olive faisant usage d’olives issues de l’UE et de non UE? Que cache ce non UE? Certains pays, non UE mais sérieux, vont devoir se battre, pour continuer à vendre. Encore une fois c’est un problème d’information simple et complète.
A la suite de votre article, je m’interroge surtout sur la valeur que l’on peut donner au label AB que l’on trouve sur ces produits produits en Chine. Que signifie ce label si les processus de production sont invérifiables, voire avérés non biologiques ? Enfin, ce label contrôle-t-il les produits ? Si ce label n’est pas fiable, ce n’est plus seulement les produits chinois qui sont en cause, mais aussi le reste de la production bio. Et là, c’est une catastrophe pour l’avenir du bio. J’aimerais être rassurée.
Moi aussi je me pose la question sur les produit bio . Dans certains magasin bio on trouve courgettes, aubergine ect . Enfin des produit d’été..Je doute BCP énormément..
Beurk….Les Chinois sont en route pour « bouffer » la planète dans la hargne de la consommation, pollution, corruption… perso, je boycotte au maximum; je consomme bio/équitable/local, j’achète la plupart de mes vêtements sur des sites(au moment des soldes) qui proposent des vêtements fabriqués dans le respect des humains, des matières et de l’environnement.