Le cabillaud, ou morue, est un des poissons les plus consommés au monde … et l’un des plus menacés également. Et pas seulement en Europe. Le consommateur nord-américain va lui aussi devoir faire attention et diminuer sa ration de cabillaud.
Le cabillaud d’Atlantique, bientôt un souvenir ?
En 2009, ce sont des scientifiques islandais qui tiraient la sonnette d’alarme. Du fait de la pêche du cabillaud, ou « morue franche » dans les eaux islandaises, cette espèce est menacée par un effondrement des stocks, comme elle l’a été dans les eaux de Terre-Neuve, au Canada, dans les années 90. (1) En Europe, les études montrent qu’à de rares exceptions, dans toutes les zones de pêche le cabillaud voit sa population fortement décliner.
Mais, il y avait une zone où l’espèce restait relativement abondante jusqu’à il y a peu : le fameux banc de sable submergé George Bank, au large de Boston. Pour les pêcheurs américains et canadiens, le banc de sable Georges Bank a toujours été un gisement poissonneux riche en cabillaud et en [[Flétan]].
Le George Bank est un banc de sable submergé au large de Boston. Depuis près de 500 ans, les pêcheries américaines du Massachusetts et de la Nouvelle écosse prospèrent grâce à l’abondance des bancs de cabillauds et de flétans.
Pourquoi le George Bank est-il naturellement si poissonneux ?
Grâce à des eaux riches en nutriments, à des courants favorables et à des nombreuses failles et canyons qui sont autant de refuges qui permettent au cabillaud de se reproduire et aux jeunes poissons de se protéger.
Dans cette zone, aujourd’hui, on considère que sur les 16 espèces de poissons présentes, 11 sont menacées par la surpêche.
Cabillaud américain : quotas en vue
Mais la pêche intensive a changé la donne car selon une étude de 2012 de la Noaa, l’administration américaine des pêches, le stock de cabillaud et de flétan de cette zone plonge dramatiquement : -46 % depuis 2008.
«Cette découverte converge avec les résultats de l’évaluation des stocks de morue du golfe du Maine que nous avons faite l’an dernier et qui montrait que les populations ont chuté des deux tiers depuis 2007»,explique le porte-parole de la Noaa, Teri Frady.
Les médias américains prévoient même des quotas de pêches exceptionnels qui pourraient être imposés dès le second semestre 2012 et en 2013.
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(1) Einar Árnason et ses collègues scientifiques ont publié une étude sur le site de la revue PLoS ONE et prédit un effondrement rapide du cabillaud si la pêche se poursuit au même rythme. Ces chercheurs pensent que les cabillauds de profondeurs, moins pêchés, ne pourront pas repeupler la partie supérieure de l’océan qui se vide de cabillauds. Ils conseillaient donc aux autorités de créer des réserves où la pêche serait interdite, pour préserver le cabillaud dans les eaux islandaises.