La notion de pollution visuelle est apparue tardivement. Introduite par les astronomes nord-américains puis européens, elle correspond à la « dégradation de l’environnement nocturne par émission de lumière artificielle entraînant des impacts importants sur les écosystèmes (faune et flore) et sur la santé humaine, suite à l’artificialisation de la nuit ». Les sources principales de cette pollution sont les éclairages publics et privés, les vitrines et les bureaux restant allumés la nuit, ainsi que les phares des véhicules.
Des conséquences importantes pour la biodiversité
Cet hyper éclairage urbain et péri-urbain dû, selon l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne, à « une peur instinctive du noir, une augmentation considérable de l’offre en matériel d’éclairage et en électricité, ainsi qu’une forte demande de sécurité de la part du public et des élus » n’est pas sans conséquences sur la biodiversité, tout particulièrement pour la famille des insectes nocturnes.
En effet, attirés par la lumière ils peuvent voler autour du point lumineux jusqu’à en mourir d’épuisement et sont plus facilement repérables par leurs prédateurs. Ainsi une étude réalisée dans le nord de la France a montré qu’après deux ans de fonctionnement continu un point d’éclairage éliminait la quasi-totalité des insectes nocturnes dans un périmètre de 200 m, par épuisement, prédation ou désertion (les insectes partent pour rechercher des lieux sombres).
Des oiseaux migrateurs déboussolés
Les oiseaux, et tout particulièrement les oiseaux migrateurs, paient également un lourd tribut. Les lumières artificielles modifient leurs repères avec comme conséquence une augmentation de la mortalité lors de leur trajet migratoire. Ainsi à New York le reflet des vitres et les lumières artificielles désorientent les oiseaux qui entrent en collision avec les bâtiments.
Un cycle cistercien qui ne tourne plus rond pour la faune et la flore
Mais cette lumière artificielle fait également peser une menace sur le long terme pour tout le règne animal et végétal, nous compris, par la perturbation de notre horloge biologique et, de ce fait, la difficulté de produire de la mélatonine. Cette hormone du sommeil est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme et à la croissance de l’enfant. Non secrétée ou de façon insuffisante, elle favorise le diabète, l’obésité et les maladies cardio-vasculaires ainsi que l’anxiété et le stress et les difficultés d’endormissement, ou encore l’augmentation du risque de développer un cancer du sein.
Pour le règne animal, les conséquences sont également nombreuses, car la mélatonine commande notamment la pousse du pelage et des plumes, la mue, la reproduction, la migration ou l’hibernation.
Les initiatives en faveur de la réduction de la pollution visuelle
Depuis que ce problème de pollution nocturne a été soulevé, quelques solutions ont commencé à être mises en place afin de sensibiliser la population et de réduire les émissions lumineuses.
Une journée de sensibilisation : le Jour de la Nuit
Lancé pour la première fois le 30 octobre 2010, le Jour de la Nuit a comme objectif de sensibiliser à la pollution lumineuse par des manifestations nationales dont la plus connue est l’extinction symbolique des lumières publiques et privées pendant une minute.
Des éclairages publics réduits
Les municipalités, autant par souci d’économie que pour le maintien de la biodiversité, ont diminué fortement leurs éclairages. Plusieurs communes ont ainsi fait différents choix en ce sens : éteindre les lampadaires à partir de 2h du matin, ne plus allumer au-dessus des périphériques, allumer un lampadaire sur deux ou encore installer des lampadaires à détecteurs de présence. S’ajoute à cela avec l’arrêté du 25 juillet 2013, l’obligation d’éteindre les éclairages des locaux professionnels une heure après leur fin d’occupation, l’obligation d’attendre le coucher du soleil pour illuminer les façades des bâtiments et l’interdiction de les éclairer après 1h du matin, ainsi que l’obligation de couper les éclairages des vitrines entre 1h et 7h du matin.
Une attention à porter également à l’éclairage de nos jardins
Au-delà de l’espace public, le choix de l’éclairage dans nos jardins joue aussi un rôle. D’autant plus en milieu urbain ou péri-urbain, où ils constituent des zones refuges pour la biodiversité des espèces dites ordinaires (insectes, hérissons, oiseaux ou encore papillons….
Ainsi privilégier des lanternes discrètes à détection de présence ou des lampes solaires sont des gestes importants pour la protection de la faune et de la flore et notre horloge biologique.