Les stocks de thon rouge semblent à peine se reconstituer en Méditerranée et dans l’est de l’Atlantique que déjà les industriels de la pêche ont obtenu une hausse de leurs quotas de pêche pour 3 ans. Les écologistes spécialistes des ressources halieutiques trouvent la décision bien trop prématurée.
Le thon rouge va (un peu) mieux
La 19e réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (1) a donc tranché après des débats qui se sont déroulés du 10 au 16 novembre à Gênes.
Au départ, une bonne nouvelle : la biomasse du roi des mers est en voie de reconstitution là où elle était le plus menacée. Autrement dit, depuis qu’on a strictement limité les quotas de pêche au thon rouge en 2007, le thon, convalescent, n’est plus menacé d’extinction rapide. Cette bonne nouvelle a servi de base à la décision d’assouplir les quotas
Planetoscope : la pêche au thon dans le monde
Les nouveaux quotas pour le thon rouge
Ils vont croître de 20 % en 2015 et en 2016, puis peut-être dans la même proportion en 2017 selon les évaluations scientifiques qui seront faites à ce moment là.
Autrement dit : on va passer de 13 500 tonnes de prise pour 2014 à 23 155 tonnes par an en 2017.
Cela aurait pu être pire, mais la décision ne fait pas non plus sourire les organisation comme le WWF qui auraient préféré qu’on attende de constater une reconstitution durable des stocks avant de reprendre la pêche aussi largement.
Selon l’ICCAT, les stocks de thon rouge sont seraient revenus à 585 000 tonnes contre 150 000 vers 2005. Toujours selon les expert, il ne faudrait pas dépasser le niveau de pêche actuel ou ne pas prendre plus de 23 256 tonnes pour que les stocks de thons se reconstituent dans la durée
Mais voilà, comme le reconnaît lui-même cet organisme, l’évaluation des stocks de poisson est très incertain et les marges d’erreurs possibles sont très grandes. Les pêcheurs, eux, déclarent qu’ils pourraient facilement prendre bien plus de poisson qu’ils ne le font actuellement. Mais peut-on les croire ?
- Les thons rouges de l’Atlantique Ouest, encore plus menacés, ont également vu leurs quotas relevés de 1 700 tonnes à 2 000 t par an. Et là, cette absence de retenue est incompréhensible !
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a ajouté, en novembre 2014, le thon rouge du pacifique ainsi que l’anguille américaine à la liste « Red List of Threatened Species » d’espèces en danger d’extinction. L’UICN a mentionné que ces espèces sont fortement mises en danger notamment par la pêche intensive pour le marché japonais. Cette liste ne présente pas d’obligation légale mais reste une référence clé pour les signataires de la Convention de Washington, qui tiendra une conférence en Amérique du Sud en 2016.
La pêche illégale fait la différence mais…
La conférence n’a pas fait avancer les choses sur le sujet de la pêche illégale, largement pratiquée sous pavillons lybien et algérien. Or ce sont ces prises illégales qui peuvent faire la différence et réellement menacer l’avenir du thon. On n’a pas non plus aborder d’autres sujets clés comme le shark finning, ou le rejets des prises à la mer. L’avenir du thon rouge n’est pas tout rose…
A votre avis, fallait-il autoriser l’augmentation des quotas de thon rouge ?
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(1) Connue sous son acronyme anglais ICCAT, elle est composée de 48 membres – 47 pays plus l’Union européenne –